L’appartement de la rue de Beaujolais, côté jardins du Palais Royal.
"Quarante-cinq ans de Paris n’ont pas fait de moi autre chose qu’une provinciale en quête, sur vingt arrondissements et deux rives de fleuve, de sa province perdue…"
En pays connu.
Lorsqu’elle a vingt ans, son mariage avec Willy arrache Colette à sa Puisaye natale pour la mener à Paris. Deux autres mariages et une quinzaine de déménagements parisiens la conduiront à sa dernière halte : la rue du Beaujolais. Avec Cocteau et d’autres illustres voisins - dont de nombreux étrangers de passage, qui, comme Stefan Zweig, fréquentent les hôtels ou restaurants du quartier - et bien qu’immobilisée dans son "lit-radeau" après la guerre par une arthrite de la hanche, elle sera l’âme du Palais Royal, sa "petite province".
Entre 1893 et 1954, ses aventures à Paris suivent les itinéraires suivants :
Willy et Colette s’installent en mai 1893 et pour quelques semaines 55 quai des Grands Augustins, au dernier étage de la maison d’édition Gauthier-Villars. Colette déteste cet endroit.
Ils déménagent en juin 1893 pour le 3ème étage du 28 rue Jacob. Willy, à court d’argent, demande à sa femme de participer à son "industrie littéraire" en écrivant ses souvenirs d’enfance. Claudine à l’école… signée Willy connaît en 1900 un succès rapide… et rapporte des droits d’auteurs conséquents à Willy.
près de Besançon, il achète en septembre 1900 le château des Monts-Boucons (Les Tillerayes), où ils passent les étés jusqu’à sa vente en septembre 1905. Le château ressuscitera dans le domaine de Casamène de La retraite sentimentale.
en 1901, ils emménagent au 93 rue de Courcelles, puis, en 1902, au 177 bis rue de Courcelles (à la même époque, Marcel Proust, qui dira avoir pleuré en lisant Colette, habite chez ses parents au N° 45 de la rue).
en 1906, le couple se sépare et Colette s’installe, seule, au rez-de-chaussée du 44 rue Villejust -aujourd’hui rue Paul Valéry- puis rue Toricelli.
Mais le plus souvent, elle vit chez la marquise de Belbeuf, dite Missy (avec qui elle entretient une liaison), au 2 rue Georges Ville, puis rue Saint Senoch.
Missy achète en 1910 la belle maison de Rozven, à Saint-Coulomb près de Saint-Malo. Elle finira par céder cette maison à Colette.
lassée des amours saphiques, Colette rencontre en 1911 Henry de Jouvenel au journal Le Matin pour lequel elle travaille. Elle emménage avec lui au "chalet", 57 rue Cortambert à Passy. Elle l’épouse en décembre 1912 et fait de fréquent séjours dans le château familial de Castel-Novel, près de Brive.
1914 : Henry de Jouvenel est mobilisé. Elle le rejoint à Verdun et vit clandestinement au 15 bis rue d’Anthouard.
De retour à Paris en 1917, ils occupent le 62 boulevard Suchet. Le couple se sépare en 1923. Colette vient d’être reconnue, avec Le blé en herbe et Chéri, comme un des plus grands écrivains de son époque.
Elle rencontre en 1925 celui qui sera son troisième mari : Maurice Goudeket. Elle passe pour la première fois ses vacances en provence, à la Bergerie à Beauvallon.
En 1926, elle vend Rozven et achète La Treille Muscate, route des cannebiers à Saint-Tropez.
Elle emménage en 1927 au 9 rue de Beaujolais, toujours à Paris. Jusqu’en 1930, elle occupe l’entresol, qu’elle appelle "le tunnel". Maurice vit dans sa "garçonnière" avenue du Président Wilson.
Ils achètent en 1930 une maison à Montfort-l’Amaury, La gerbière, qu’ils revendent moins d’un an plus tard.
En 1931, Colette va vivre à l’Hôtel Claridge, sur les Champs-Elysées.
Elle ouvre un magasin de produits de beauté à son enseigne, en 1932, 6 rue de Miromesnil, avec une succursale à Nantes et une autre à Saint-Tropez, sur le port.
1936 : le Claridge ferme pour travaux. Colette et Maurice Goudeket (qu’elle a épousé en 1935 pour participer au voyage inaugural du paquebot Normandie, l’Amérique ne pouvant accueillir un couple illégitime…) vont habiter dans l’immeuble Marignan.
En 1938, ils achètent une autre maison, à Méré, près de Montfort-l’Amaury, qu’ils revendront au moment de la guerre.
Colette retourne 9 rue de Beaujolais en 1938 - cette fois, au premier étage, dont les fenêtres donnent, de l’autre côté, sur les jardins du Palais Royal (un C entrecroisé d’un soleil est aujourd’hui gravé au balcon de sa chambre) - et y restera jusqu’à sa mort en 1954.
Pendant la guerre, elle fuit Paris pour vivre chez sa fille à Curemonte en Corrèze. Celle-ci est maire du village et a hérité du château de Curemonte du frère de son père. Colette y séjourne de juin à septembre 1940.
Autres demeures de l’auteur
L’écrivain repose, parfois entourée de chats, au cimetière du Père Lachaise à Paris (4ème division, près de l’entrée principale).
Pour visiter le lieu
Les lieux parisiens de Colette sont propriétés privés et ne sont pas ouverts au public.
Quelqu’un à contacter ?
La Société des amis de Colette peut être contactée par la mairie de Saint-Sauveur-en-Puisaye au 02 86 45 52 15.
Petite bibliographie
Il l’appelait "Sido". Bertille Vanelle. Editions le Manuscrit.
Claudine à Paris, Trois, six, neuf…, L’Etoile Vesper, L’Ingénue libertine, De ma fenêtre et d’autres livres de Colette.
Paris des écrivains. Sous la direction de Laure Murat. Editions du Chêne.
Les maisons de Colette. Catalogue de l’exposition au Louvre des Antiquaires, du 23 octobre 1990 au 8 avril 1991.
Dans quel ouvrage Colette décrit elle sa vie à Curemonte
pendant l’occupation.
Journal à rebours
la chatte de "La Chatte" s’appelle Saha ; la chatte des "Claudines" s’appelle Fanchette.