Charles-Marie LECONTE DE LISLE

à La Réunion, Nantes, Dinan, Rennes, Paris…
Le jeudi 5 janvier 2006.

Je le range parmi les très rares vedettes qui ont traversé ce monde sans se livrer, qui ont emporté leur secret psychologique dans la tombe. Il avait l’air de quelqu’un que sa poésie ne délivre pas du tout […] et qui porte en soi un damné.
Souvenirs littéraires
. Léon Daudet. Livre de poche n°3943.

Que l’humanité est une sale et dégoûtante engeance ! Que le peuple est stupide ! C’est une éternelle race d’esclaves qui ne peut vivre sans bât et sans joug. Aussi ne sera-ce pas pour lui que nous combattrons encore, mais pour notre idéal [républicain] sacré.
Leconte de Lisle dans une lettre à Louis Ménard, à Dinan le 30 avril 1848, après une réunion politique qui tourne à l’échauffourée.

Comme pour d’autres, la révolution de juin 1848 est pour Leconte de Lisle le moment où le combat pour la République se transforme en un combat contre le peuple. Son itinéraire politique ressemble à celui de Tocqueville, de Lamartine et de Vigny. Mais Charles Leconte ne sera pas romantique. Il sera le premier des Parnassiens.

Né à l’île de la Réunion (alors île Bourbon) en 1818, il arrive avec sa famille en métropole lorsqu’il a trois ans : entre Nantes et Dinan de 1822 à 1828 (8 rue Gresset et 38 rue Contrescarpe à Nantes), puis Rennes, avant un retour sur l’île en 1832. Des études de droit le ramènent à Rennes (4 rue des Carmes) en 1837, jusqu’en 1843. Autre retour au pays natal, où il supporte difficilement le fonctionnement d’une économie qui repose sur l’esclavagisme (son père possède 42 esclaves).

Le journal La Démocratie Pacifique l’embauche comme secrétaire de rédaction à Paris en 1845. Il fait rapidement publier quelques poèmes. Son intérêt pour les Lettres… ainsi que pour Charles Fourier et ses phalanstères, a déjà pris le dessus.

Il partage les aspirations des révolutionnaires de février 1848, s’investit dans les clubs républicains et lance une campagne de pétitions pour l’abolition de l’esclavage, même si celle-ci va à l’encontre des intérêts directs de sa famille. Il est envoyé en Bretagne comme délégué du Gouvernement pour la propagande révolutionnaire, mais est mal reçu par la population…

Ses désillusions politiques, les difficultés matérielles et sa solitude personnelle le conduisent à s’évader en pensée dans la Grèce et l’Inde anciennes. Il survit grâce à des traductions de Théocrite, Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide, Horace… et à des leçons de latin et de grec. Un libraire égare en 1852 sa traduction de L’Iliade et lui propose de publier à la place ses Poèmes Antiques. C’est le début de la renommée, mais certes pas de l’aisance financière. Sainte-Beuve fête en lui l’avènement d’une nouvelle poésie. Aux yeux de Leconte de Lisle, la fonction du poète est de réaliser le beau en mariant l’art à la science. Les Poèmes barbares paraissent en 1862 et les Poèmes tragiques en 1884.

En 1864, sa situation s’aggrave avec l’arrivée à Paris de sa mère et de ses deux soeurs, dépourvues de ressources. C’est à cette époque qu’il perçoit discrètement de Napoléon III une pension qu’on lui reprochera à la fin de l’Empire d’avoir acceptée.

L’invasion prussienne le pousse à s’engager aux côtés des républicains, mais il ne verse pas pour autant dans le camp communard. Comme d’autres parnassiens, la Commune est d’ailleurs la cause d’une brouille profonde avec Verlaine et les Vilains bonshommes.

Leconte de Lisle est nommé bibliothécaire adjoint au Sénat en 1872. En 1886, il devient académicien au fauteuil de Victor Hugo. Il meurt à Louveciennes en 1894, pavillon des Voisins, 1 route de Versailles.

Ses adresses parisiennes sont la rue Saint-Marc vers 1866, le boulevard des Invalides et le 64 boulevard Saint-Michel de 1872 à 1894.



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