Comme l’article Albert CAMUS l’explique, Camus est bloqué en région lyonnaise dans les premiers mois de 1943.
René Leynaud possède une chambre de bonne 6 rue de la Vieille-monnaie (la rue porte aujourd’hui son nom), dans le quartier de la Croix-rousse. Il est poète et journaliste au Progrès, jusqu’à son exécution par les Nazis en 1944. Il est aussi résistant et responsable régional du mouvement Combat depuis début 1942, dont Pascal Pia, fidèle ami de Camus, est aussi un pilier.
Les Leynaud (René et sa femme Ellen ont un enfant) hébergent de temps en temps Camus dans leur chambre de bonne. L’immeuble possède une "traboule", un passage agrémenté de deux cours, qui ressort en-dessous dans la rue des Capucins.
Lorsqu’il n’est pas à Lyon, Camus correspond avec Leynaud, avec Elsa Triolet (Aragon reste plus en retrait), Ponge. Camus a publié L’Étranger, au style sec, et Le Mythe de Sisyphe, que Triolet analyse en 1943 dans un article de la revue Poésie. Il travaille sur La Peste avec un style plus généreux. Dans une lettre le 14 janvier 1948, il écrira : "On peut lire La Peste de trois façons différentes. Elle est à la fois le récit d’une épidémie, le symbole de l’occupation nazie (et d’ailleurs la préfiguration de tout régime totalitaire quel qu’il soit) et en troisième lieu l’illustration concrète d’un problème métaphysique, celui du mal […]. Avec le génie en plus, c’est ce que Melville a tenté de faire avec Moby Dick."
Francis Ponge, ami de Pia qui s’arrange pour le faire embaucher au Progrès, connaît aussi Leynaud et séjourne parfois chez eux. Ponge est chargé par le parti communiste clandestin de recruter des amis parmi les journalistes.
Même s’il fréquente assidument Pia, Ponge et Leynaud, Camus ne s’engage pas vraiment dans la résistance tant qu’il vit au Panelier. C’est après son arrivée à Paris fin 1943 qu’il commence à collaborer activement au journal clandestin Combat.
Sources
Albert Camus, une vie, par Olivier Todd. Folio n°3263.
Albert Camus, par Herbert R. Lottman. Points Seuil.