André GIDE

à Cuverville-en-Caux
Le mardi 19 août 2003.
"Souvent je me suis persuadé que j'avais été contraint à l'oeuvre d'art, parce que je ne pouvais réaliser que par elle l'accord de ces éléments trop divers, qui sinon fussent restés à se combattre, ou tout au moins à dialoguer en moi."
Si le Grain ne meurt.
André Gide.

Si vous souhaitez voir Cuverville le coeur léger, ne lisez pas La Porte étroite.

Juin 1905. André Gide a trente-cinq ans. Ni la pluie très fréquente ni la présence de son ami Jacques Copeau ne le détournent de l’écriture des premières pages de ce court roman dont il ne verra le terme que trois ans plus tard et qui sera son premier vrai "succès de librairie".

Dans ce récit tragique d’un amour qui se "dépoétise" pour céder à la vertu, Cuverville devient Fougueusemare, sa cousine Madeleine, Alissa et lui-même, le fils unique dont les parents décèdent prématurément, Jérôme.
Le Journal d’Alissa qui clôt le roman est composé de plusieurs lettres authentiques de Madeleine Rondeaux, qui, à la différence du roman, deviendra Madeleine Gide.

De nombreux détails et événements du récit sont autobiographiques.
Fougeusemare est bien cette grande maison qui "ouvre une vingtaine de grandes fenêtres sur le devant du jardin, au levant ; autant par derrière […] Derrière la maison, au couchant, le jardin se développe plus à l’aise. […] Puis, [en contrebas du jardin], de l’autre côté du mur que troue, au fond du potager, une petite porte à secret, on trouve un bois tailli où l’avenue de hêtres, de droite et de gauche, aboutit."

Cuverville est la demeure de l’oncle maternel de Gide, Emile Rondeaux. Sa fille Madeleine en hérite en 1890 et épouse Gide en octobre 1895 à la mairie du village (le mariage religieux se déroule au temple d’Etretat et est décrit au début de L’Immoraliste).
Gide y passe quelques semaines d’été chaque année, depuis ses premières années jusqu’à 1938 principalement, année de la mort de Madeleine. Il circule en vélo dans les alentours (pour visiter ses amis Laurens à Yport), assiste au feu d’artifice à Criquetot, y compose une partie de son Journal et reçoit ses amis pour converser, se baigner, jouer au tennis : Valéry, Copeau, Martin du Gard, Maurois, Jacques Rivière, Charles du Bos et bien d’autres.
Cuverville accueille ainsi les principaux artisans de la future Nouvelle revue Française.

Autres demeures de l’auteur
Gide a également vécu pendant son enfance au Château de La Roque-Baignard. Il a longtemps vécu à Paris.
Sa dernière demeure - une dalle et un nom - se trouve dans le petit carré protestant et agnostique du cimetière de Cuverville.

Pour visiter le lieu
Située au coeur d’un relief vallonné, la propriété est fermée au public. Elle ne s’ouvre qu’à l’occasion d’événements exceptionnels. Une restauration récente a redonné à la façade principale sa couleur "lie de vin" d’origine, alors qu’elle était jaune pâle à l’époque de Gide.

Quelqu’un à contacter ?
L’Association des Amis d’André Gide se trouve à La Grange Berthière, 69420 Tupin-et-Semons (tél/fax : 04 74 87 84 33, e-mail : aaag.cdcm@wanadoo.fr).

À voir aux alentours

  Guy de MAUPASSANT à Fécamp et Etretat,
  Maurice Leblanc à Etretat,
  Leblanc et Corneille à Rouen,
  Hugo à Villequier,
  Alphonse Allais, Henri de Régnier et Baudelaire à Honfleur,
  Marcel Proust et Marguerite Duras à Trouville,
  Françoise Sagan à Equemauville.

Sur Internet

www.andre-gide.fr.

Petite bibliographie
André Gide ou la vocation du bonheur. Tome 1 : 1869-1911. Claude Martin. Editions Fayard, 1998. 690 pages, 180 F.
Les jardins d’André Gide. Éditions du Chêne.
Le Bulletin des amis d’André Gide est publié par l’Association des amis d’André Gide.
Stations tourmentées d’André Gide. Article de Romain Roussel, in Demeures inspirées et sites romanesques, tome III, éditions de l’Illustration.
Un article de Martine Sagaert (auteur de www.andre-gide.fr) sur Gide à Cuverville, intitulé André Gide ou une éparse joie baigne la terre, dans Balade en Seine-Maritime, Sur les pas des écrivains, Editions Alexandrines.



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