Une plongée dans le monde des lorettes

La démolition de l’Hôtel de la Place Saint-Georges

Deuxième partie
Le jeudi 5 janvier 2006.
Grisettes, Bredas, Lorettes, Dégrafées, Allongées, Camélias, Linges, Torchons etc…

Par Bernard Vassor

Toute cette agitation a attiré parmi la foule quelques « Diane Chasseresses » qui vont pouvoir se livrer à leur coupable industrie, minaudant par ci, lançant des oeillades assassines aux manifestants par là.
On peut reconnaître dans toute « cette fange », à l’angle de la rue La Bruyère, Juliette Rolland qui demeure avec la nommée Elisabeth Bidguin qu’elle fait passer pour sa sœur, au 45 rue Pigalle. Juliette, 31 ans, était lingère à Paris, Elisabeth en a 33, elle était couturière à Bayonne. Devant les écuries Rothchild dans le bas de la rue Saint Georges numéro 10, on reconnaît Nathalie Bourdonnet, dite « madame Marcot », qui demeure dans ses meubles 11 rue des Martyrs au 5° étage à gauche. C’est une proxénète de premier ordre, elle n’a qu’un petit appartement de 400 francs, elle n’utilise que 2 petites pièces dans lesquelles du matin au soir, elle livre des jeunes filles aux hommes. Il y a 20 jours environ, un agent à conduit au poste de police du 1 rue Bréda, une fillette d’environ 10 ans. Il était 11 heures 30 du soir, rue Fontaine, elle avait été vendue par sa mère à un proxénète qui s’était éclipsé lors de l’interpellation de la gamine. Les parents sont les époux Canta Louis, ils habitent 50 rue Bonaparte.

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Le soir du "crime", une partie du toit a été démonté.

Nelly Léontine Cugnière est la maîtresse de Razoua. Elle habite 6 rue Mansart avec une nommée Rosa. Leur terrain de chasse est « Le Rat Mort » où elles disposent d’un cabinet particulier. Elles sont également des habituées du Casino-Cadet.

Olivier Métra attaché comme chef d’orchestre au Casino, est l’amant de Rosa qui va avec le premier venu.

Razoua est capitaine au 61° bataillon, Métra quand à lui en est le tambour, au poste de la rue des Rosiers.

Clotilde Bay, âgée d’environ 60 ans, accompagnée de « ses filleules », tient depuis 30 ans une maison de prostitution hors ligne au 75 rue Taitbout. Avant, elle ne recevait que des personnes ayant voiture, magistrats, fonctionnaires, riches financiers, mais par ces temps difficiles pour tout le monde, elle est bien obligée de rabattre ses prétentions et de se contenter du premier charcutier venu ! On croit même que c’est chez elle qu’Alexandre Dumas fils a pris le sujet de sa pièce : « Le Demi-Monde ».

Ernestine Vincent dite « La Bouchère » ancienne modiste née à Danmartin, demeure au 60 rue Pigalle après avoir séjourné au 8 rue de Provence. Son surnom lui vient de ce qu’elle était la caissière d’un boucher,elle se livre à la prostitution de manière éhontée, et lève ses clients sur la voie publique !

Rue Laferrière, Eléonore Copin, une très jolie personne de 17 ans, qui se destinait au théâtre et prenait des leçons de déclamation de la vieille Clinchamp 36 rue de Londres. Celle-ci l’a habillée et lui a procuré des passes. Elle travaille furtivement, car la mère Morell qui l’avait aussi « brocantée » est à sa recherche, ainsi que la mère maquerelle Vallet qui demeure au 50 rue Saint-Lazare. Mathilde Kauffman qui avait été inscrite au dispensaire, entretenue longtemps par un nommé Legrand, journaliste connu des chefs de l’administration pour avoir « rendu des services » dans des temps difficiles… Il en rend encore aujourd’hui ! Amélie Ménétrier dite « Blanche »vit au 28 rue Fontaine Saint-Georges entretenue par un avocat, c’est une Lorette qui fait un peu de prostitution clandestine. Elle n’a pas une bonne santé.

Emma Mayenfisch, née à Constance en Suisse, demeure 46 rue Pigalle Hôtel Magenta. Cette femme va chez toutes les filles entretenues et y exerce son industrie, chemin faisant, elle donne des rendez-vous à des femmes qui lui ont été demandées. Elle demeure dans le garni passage Lafferière au 10 bis, qui en abrite bien d’autres.

Marie Goltz, née à Saint-Petersbourg, réside 9 rue Monthyon. Elle restait auparavant 1 bis rue Bleue, entretenue par un nommé Henri Appelis natif de Berlin, qui arrondit ses fins de mois en plumant les pigeons. La nommée Blanche Crosse, dans ses meubles 56 rue Notre Dame de Lorette, a droit à l’indulgence de la police. Elle peut amener chez elle des hommes qu’elle va chercher dehors tous les jours.- « Elle n’est pas très à l’aise » dit un policier compatissant dans son rapport :-« Elle n’a qu’une seule domestique »

Une certaine Charnelz ou « madame Piquois », c’est une fille qui a vécu plusieurs années avec le fils Pligne Edouard, dont le père est un riche meunier, marchand de grains à Brunoy.

Elle a demeuré 25 rue Laffitte où son mobilier a été vendu. Retirée à Montmartre, 2 rue Léonie (Henner), puis après avoir déménagé au numéro 8, 3°étage porte à droite, elle paye 500 francs de loyer.

Le père Pligne a dépisté son fils qui s’était remis avec elle et l’a fait partir pour l’Espagne.

Ce jeune homme a bien coûté quelque chose comme 300 000 francs à son petit papa… Sophie Grillan, dite madame Delorme, dite madame Berger, habite dans ses meubles 25 rue de la Chaussée d’Antin au premier au dessus de l’entresol sur le devant auparavant elle était en garni au 45 même rue. Sa conduite par trop scandaleuse la conduit pour de l’argent à se livrer à tout ce qu’on peut lui demander. C’est une proxénète de premier ordre.

Mademoiselle Luke. C’est une femme qui a vécu pendant plusieurs années avec Lepelletier, secrétaire de Mr Fould, ministre de Napoléon III. Elle a eu deux fils qui ont été au collège avec ceux de Monsieur Mettetal, ancien chef de la première division à la préfecture de police. Depuis son abandon par Lepelletier, elle «  fait » des amants dont le jeune Bozan employé à l’Hôtel de Ville.

Catherine Caroline Debaets, femme Midrighe née à Gand, son mari est un graveur hollandais naturalisé français. Elle habite 13 rue Montholon. Elle est surveillée de près comme étant une escroqueuse. Elle ne vit qu’en exerçant le métier de leveuse.

Félicienne Maucourt, se dit artiste dramatique, est en garni au 24 rue Fontaine Saint-Georges avec Florence Alphonsine Hebert. Elles sont engagées dans un bordel de la rue de Bruxelles par la nommée Clara Berr demeurant 15 rue Saint-Lazare.C’est une grosse femme charnue, cheveux bruns, front découvert, belles dents avec de grands yeux noirs. C’est une noceuse, une courreuse, sans amant, faisant des passes et du racolage. Alphonsine Hebert est née à Ingoville ( ?). Elle a la figure allongée, les cheveux blonds un peu crépus et bien fournis, un nez bien fait, les yeux gris, le menton pointu, l’air langoureux et malade.

Hélène Perron, 32 ans, native de Saint-Fargeau dans l’Yonne, en garni au 17 rue des Mathurins avec une autre fille du nom de Picard. Ce sont des clandestines qui reçoivent au moins 10 hommes par jour au dire des voisins. La Jeanne Picard, est née à Reims en 1840 elle se livre à la prostitution clandestine et est néanmoins entretenue. Elisa Daubray, se faisant appeler également Sémiramis, habite 35 rue d’Amsterdam, on n’a jamais pu connaître son vrai nom. C’est une femme entretenue qui sort tous les soirs pour trouver des hommes et les conduire dans des maisons de passe. Elle n’a pas de maquereau !

Eugénie Morlon, cette jeune fille se dit parente de l’archevêque de Paris. De taille moyenne et bien prise, jolie brune aux yeux bleus, elle a la peau d’une blancheur remarquable, elle a bon ton et est spirituelle. Elle a été entretenue par Monsieur Ranson de Calhoun, secrétaire de la légation des Etats-Unis qui demeurait avec elle au 33 rue de la Madeleine. Elle réside maintenant 2 rue Laffitte, ou elle reçoit des hommes chaque jour différents.

Célestine Mangeot, native de l’Yonne 32 ans demeurant 31 rue Cadet( ?). Est entretenue par un jeune russe qui lui donne 400 francs par mois. Elle va au bal ainsi qu’a la promenade le soir et ramène des hommes chez elle. Elisa Roche, 36 ans couturière demeurant 2 rue Fontaine Saint-Georges. C’est une fille publique qui ne vit que de la prostitution. Elle distribue des cartes dans les bals. Enfin, elle fait « la retape », et fait ses passes 49 rue Pigalle, elle conduit rarement des hommes chez elle. Eugénie Reyben, native de Saint Dizier Haute-Marne , demeure 91 rue Blanche au sixième étage. Elle se dit écuyère, mais en fait elle ne vit que du produit qu’elle trouve dans la débauche. Elle est blonde et très jolie, va dans les bals et sur la voie publique « lever » des hommes. Le prix de la passe est de 20 francs.

Cécile Fauvin, artiste, figurante au théâtre du Palais Royal, née 28 rue Rodier en 1853. Elle demeure 17 rue du Faubourg Montmartre. Elle a pour entreteneur un nommé Trochard, âgé de 60 ans demeurant 4 rue des Martyrs, ne dédaigne pas à l’occasion faire des michetons.

Joséphine Amyon, actrice, demeure chez la proxénète Dupuis au 47 rue Larochefoucauld. Dans la dèche, elle est constamment sur le pavé à chercher des hommes.

Clémence Dupuis, 45 ans dans ses meubles 47 rue Larochefoucauld, c’est à la fois une prostituée et une proxénète qui mène une vie d’enfer. Ses filles vont chez elle faire leur passe.

Louise Berthe Frémin, est native de Munich, elle demeure dans ses meubles 18 rue de la Pépinière.C’est une femme très laide, elle n’a qu’une trace de nez, encore est-il de travers, la figure carrée, yeux de chat, une gorge monstrueuse par sa grosseur. Elle a pour amant un capitaine de voltigeurs de la Garde et reçoit les amateurs payant bien. Elle voyage souvent avec des dames, on la voit souvent avec la comtesse Méry. Elle place pour des marchands qui lui font 10% de remise, près des femmes entretenues, chez un marchand nommé Lepan 18 rue Castellane, outre ses 10%, elle a un appointement de 50 francs par mois. Félicité Charret, dite d’Anglemont, demeurant 21 rue Lepelletier, tombée dans la misère, après avoir vécu sur un grand pied avec chevaux et voitures. Entretenue par Chabrié, fils de l’ancien entrepreneur d’éclairage de la ville de Paris, ancien propriétaire également du théâtre des Variétés et de l’Ambigu. Elle a habité successivement rue de la Chaussée d’Antin boulevard de la Madeleine.

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Barthélémy Saint-Hilaire.

Au milieu de toute cette bassesse, un nommé Tissot Charles Edmond, 41 ans,né à Cran (Jura), ancien tapissier demeurant 49 rue de l’Echiquier dans ses meubles, surveille ces dames, parmi lesquelles, il a quelques protégées. Depuis le début de la Commune, il occupe l’emploi d’inspecteur principal au service des mœurs, spécialement chargé du quartier du faubourg Montmartre. Il est surnommé par les filles : « Caliborgne » ou bien «  Charles le louchon ». Profitant de sa fonction, il procure des filles à certaines de ses relations.

Cette bonne âme a même envoyé en maison les femmes suivantes : une nommée Simdorsdaff ( ?) et la fille Elisa Blanchart à qui il propose d’aller retrouver à Saint Germain deux de ses amies qu’il a déjà fait entrer dans un bordel. Il a même réussi à débaucher plusieurs filles de la tolérance du 15 rue Grégoire de Tours. (Il sera appréhendé après la Commune le 29 août 1871, sur le boulevard Montmartre à 10 heures et demi du soir, accompagné d’une femme qui exerçait sous sa protection, sa coupable industrie.)

Au numéro 23 de la rue Notre Dame de Lorette, on peut voire à la montre de la libraire Colas (née Céleste Porée), entre le Paris-Guide, sur papier de hollande une brochure in 16 : « Potins Grivois d’une concierge de la rue Bréda », un curieux petit ouvrage anonyme sans date, orné d’un portrait photographique par Petit et Trinquard (ce qui permet de situer l’édition, entre 1859 et 1861, date à laquelle ces 2 photographes exerçaient ensemble au 31 place Cadet.) Il est titré : Ces Dames. C’est un in 32 de 96 pages. Sur le faux-titre, on peut lire le nom des célébrités du moment :

CES DAMES :

Rigolboche, Rosalba, Fioretta

Alice-la-Provençale, Alida Gambilmuche,

Finette, Nini Belles-Dents

Juliette l’Ecaillère, Rigolette,

Eugénie Trompette, Henriette Souris,

Reine Souris, Pauline l’Arsouille,

Délion, La Marquise de Rouvray , Cora,

La Baronne de Biarritz,

Moustache, Louise Voyageur,

Camille, Henriette Zouzou, Eugénie Malakoff,

Eugénie Chichinette, La belle Mathilde,

Anette, Irma la Canotière,

Marguerite de Bourgogne, L’Aztèque,

Etc., etc., etc.

C’est un écrit de jeunesse du très sérieux journaliste, Auguste Vermorel élu de la Commune dans le XVIII°. Le coiffeur Ernest, 4 rue Notre dame de Lorette, sur le pas de sa porte avec son confrère Albert Renou du 9 rue Saint-Georges qui a fermé son échoppe, commentent les évènements. La librairie de la dame Cavaillié au 3 rue des Martyrs est fermée depuis 2 mois pour cause de maladie. Sa collègue et amie, Vavraud libraire du 1 rue Bréda, passe la voire tous les jours afin de lui apporter nourriture et quelque réconfort.

NOTES ET BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOTHÈQUE THIERS place Saint Georges : Sommaire Thiers

BIOGRAPHIE D’ADOLPHE THIERS :

1797 Naissance le 15 avril de Marie-Louis-Joseph-Adolphe Thiers à Marseille.

1815-1820 Études à la faculté de droit d’Aix-en-Provence.

1821-1830 Thiers est à Paris. Commence une carrière de journaliste au Constitutionnel, où il écrit des articles de politique courante et de critique historique. En 1830, financé par l’agent de change Laffitte, il fonde Le National avec Auguste Mignet, Armand Carrel, Paulin et J.J. Dubochet .

1823-1828 Écrit son Histoire de la Révolution française.

1830-1840 Élu député d’Aix-en-Provence (sera réélu jusqu’en 1848), Thiers est au gouvernement ; il est à deux reprises président du Conseil.

1833 Élu à l’Académie française.

1840 Élu à l’Académie des sciences morales et politiques (section Histoire).

1849 Décès d’Alexis Dosne, emporté par le choléra.

1843-1862 rédige son Histoire du Consulat et de l’Empire en 20 volumes.

1851 Coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Thiers est arrêté et emprisonné, puis exilé.

1864-1868 Thiers combat la politique du Second Empire.

1871 Thiers nommé chef du gouvernement le 17 février. Commune de Paris. Destruction de l’hôtel de la place Saint-Georges. 31 août : la loi Rivet confère à Thiers le titre de président de la République. Lettre de démission de la présidence de la République, datée du 24 mai 1873.

1872 Démission de Thiers le 24 mai ; Mac-Mahon devient président de la République.

1877 Mort de Thiers le 3 septembre à Saint-Germain-en-Laye. Obsèques le 8 septembre à Paris .

1900 Félicie Dosne, sœur de Mme Thiers, donne les papiers de son beau-frère à la Bibliothèque nationale.

1905 L’institut de France accepte la donation Dosne : création de la bibliothèque Thiers - Fondation Dosne.

1906 Décès le 16 janvier de Félicie Dosne.

1913 Ouverture le 25 novembre de la bibliothèque Thiers.

1914-1918 L’hôtel Thiers abrite l’hôpital auxiliaire créé par les membres de l’Institut.

1985 Les ouvrages de la bibliothèque personnelle de Thiers sont transférés de la fondation Thiers (rond-point Bugeaud) à la bibliothèque Thiers (place Saint-Georges). Bibliographies Albrecht-Carré, René. Adolphe Thiers or the Triumph of the Bourgeoisie. Boston : Twayne Publishers, 1977. Allison, John M.S. Monsieur Thiers. London, 1932. Barthou, Louis. Thiers et la loi Falloux. Paris, 1903. Bury, J.P.T. and Tombs, R. Thiers 1797-1877. A Political Life. London : Allen and Unwin, 1986. Calmon, M. ed., Discours parlementaires de M. Thiers. 16 vols. Paris, 1879-89. Ca stries, R. Duc de. Monsieur Thiers. Paris, 1983. Malo, Henri. Thiers, 1797-1877. Paris : Payot, 1932. Reclus, Maurice. Monsieur Thiers. Paris : Plon, 1929. Rémusat, P. de. A. Thiers. Paris, 1889. Roux, Georges. Thiers. Paris : Nouvelles éditions latines, 1948. Simon, Jules. Thiers, Guizot, Rémusat. Paris : Calmann Lévy, 1885. Thiers, Adolphe. Correspondances de 1841 à 1865. M. Thiers à Mme Thiers et à Mme Dosne : Mme Dosme à M. Thiers. Paris : Calmann Lévy, 1900.


. De l’Assistance et de la prévoyances publiques. Bruxelles : Gand et Leipzig, 1850.


. De la propriété. Paris : Paulin, Lheureux et Cie, 1848.


. La Révolution de 1848 d’après un récit de M.Thiers. Paris, 1896.

Quelques notes :

Adolphe THIERS : Notes de lecture, d’une étudiante de Paris X, à propos d’une biographie de Thiers par Pierre Guiral. (sur internet) Le portrait de Thiers que nous offre l’auteur est particulièrement intéressant car, contrairement a ses prédécesseurs, il s’attache a humaniser le personnage si souvent présenté comme un caractériel machiavélique assassin des communards. P.Guiral nous montre en effet dans un chapitre dédié a ce problème Responsabilité de Thiers que s’il a du prendre des décisions lourdes de conséquences il a su se montrer généreux et a facilité la fuite de nombres de communards. Il aurait ainsi accordé un laisser passer à Nadar et à son ami Bugnet [1] qui leur permirent de gagner la Belgique et d’éviter le peloton d’exécution (p.408). "Nous croyons, nous que Thiers était un homme a la fois gentil et rageur,aimable et vindicatif " (p.517). .Mr Thiers apparaît également comme un homme dynamique, ambitieux certes mais passionné et actif (nous apprenons ainsi qu’il se lève a 4 heures du matin (p.411)et dort rarement plus de six heures par nuit) . " Des ses débuts et jusqu’au terme de sa vie Thiers est avant tout un animal d’action "(p.512). De plus le biographe ne mentionne pas toutes les rumeurs concernant la vie privée du personnage et, en les passant sous silence les nient.Or ce détail n’est pas sans importance car il prouve que Mr Guiral ne s’attache qu’aux faits et témoignages et ne tombe pas comme la majorité de ses prédécesseurs dans le piège d’’une mémoire collective et d’une historiographie (très importante en 1968) qui dénigrait Thiers. Nous découvrons en tous les cas un homme rare, autodidacte, surdoué dans tous les domaines. Un homme particulièrement investi dans l’Histoire qu’il vit et qu’il comprend pour l’avoir analysé parallèlement a sa vie politique.

Quelques éléments du piège d’une mémoire collective

Son mariage donne lieu à quelques commentaires acides sur les liens qui unissent le ministre à sa belle mère qui n’a que trois ans de plus que lui :
— « Elle était dit-on très liée à monsieur Thiers avant d’être sa belle-mère » note le maréchal de Castellane dans ses mémoires. Arsène Houssaye plus direct, n’hésite pas à écrire :
 « Monsieur Thiers vient de faire une fin. Le ministre du commerce va se risquer au commerce de l’amour par devant monsieur le maire du II°arrondissement. Il épouse, qui s’en douterait ? mademoiselle Dosne, fille mineure. On croyait jusqu’ici que c’était madame Dosne seule qui fut mineure. Est-ce la fin de la comédie : La mère et la fille ? Quoi qu’il en soit, on appelle plus M. Thiers, le lilliputien du tiers-état et du tiers-parti, que… Thiers-Dosne ».

Nina de Callias, tableau de Manet : La Dame aux Éventails.

Balzac consacre de nombreuses pages dans sa « Revue parisienne » aux époux Dosne et à leur gendre [2], et bien sur tout au long de la comédie humaine, où les principaux personnages « reparaissant »sont incarnés de façon transparente par nos 3 héros.

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Fiche de décès d’Euridice Dosne.

Madame Hamelin traite le salon de la place Saint-Georges de « pétaudière politique », elle n’hésite pas non plus à qualifier madame Dosne de « traînée ».

Madame de Girardin écrira une pièce vers 1835 : L’école des journalistes, qui sera étouffée par la totalité des journaux inféodés, sauf de « La Presse » bien sur.

[1] Il s’agit sans doute de Bergeret, auquel cas, ce serait la plus grande stupidité entendue à ce jour, Thiers favorisant la fuite du général le plus honni des versaillais ! Comment Nadar en cavale, a-t-il pu organiser en 1874 six ans avant l’amnistie, la première exposition impressionniste boulevard de la Madeleine ??? Nadar communard ?

[2] La Revue Parisienne, livraison de septembre à décembre 1840 : « Ce mari, monsieur Dosne, obtint par la faveur de madame d’Angoulême, une charge d’agent de change » (…) « Tous les matins, MM de Cardonne (Le journal de Paris) Grimaldi (le Nouvelliste) , Boilay (le Constitutionnel), Véron (le Constitutionnel), Walewski (le Messager), Léon Faucher (le Courrier Français), Chambolle (Le Siècle), venaient rue (sic) Saint-Georges à l’hôtel de M.Thiers prendre le mot d’ordre et chercher le sens des articles à faire. M. Thiers était secondé par deux de ses familiers, MM Martin et Sainty dont la charge est très lourde : il traduit en français tout ce que monsieur Thiers écrit. Là, sous la présidence de madame Dosne, se beurraient les tartine à faire avaler au public ».



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