Par Bernard Vassor
On a depuis plus de cent trente ans beaucoup écrit, fait de recherches, et célébré l’illustre montmartrois. A l’occasion du centenaire de sa mort en 1903, les manifestations autour de son nom furent nombreuses, joyeuses et fort instructives à travers des concerts de rue, aubades, conférences et mille autres animations donnant à la butte un air de fête.
Hélas… le clou devait être le dévoilement d’une plaque qui devrait informer le passant sur le représentant de la chanson française la plus jouée dans le monde.
Stupeur ! Pas moins de 3 erreurs en 4 lignes que comporte le texte (malgré le signalement au service « culturel » de la mairie du XVIII°).
1) Il n’y a pas de trait d’union entre Jean et Baptiste, les parents de notre héros ayant voulu le différencier de son père, dont le nom en comportait un.
2) Pendant la Commune il n’y a pas eu de maire !! Ses fonctions, pendant l’insurrection furent les suivantes : après avoir été élu le 26 mars, il est nommé le 30 délégué à la commission aux subsistances. Le 17 avril, il obtient la délégation aux ateliers de fabrication des munitions.
Il donnera sa démission en raison de divergences avec le Comité de Salut Public le 20 mai.
Le 28 mai il racontera avoir été sur la dernière barricade de la rue de la Fontaine au Roi avec Eugène Varlin qui, reconnu square Montholon, appréhendé place Cadet, sera conduit 6 rue des Rosiers (actuelle rue du Chevalier de la Barre) pour y être fusillé.
C’est à cette occasion que la réédition du Temps des Cerises sera dédiée (en 1885) à Louise, l’ambulancière rencontrée furtivement sur le lieu du dernier combat de la Commune. Beaucoup d’historiens contestent ce lieu, et situent plutôt rue Ramponneau l’ultime combat.
3) Les dates : 19 mars-25 mai ne correspondent à rien de précis pour ce qui concerne l’histoire du XVIII° arrondissement. Si l’on considère ses fonctions à la mairie, ce serait : du 26 mars au 20 mai (date de sa démission) ; son action en tant que combattant : du 18 mars au 28 mai.
La reprise de Montmartre par l’armée versaillaise a eu lieu le 23 mai à midi, le 25 (date figurant sur la plaque) la Cour prévôtale de la mairie, place des Abbesses, fonctionnait à plein régime depuis 2 jours, les malheureux Trente sous [1] étant soit « collés au mur », soit conduits à Satory ou « aux Chantiers » pour y attendre un sort peu enviable.
Avant et depuis cette pose officielle, j’ai cherché à joindre à la mairie le service culturel concerné sans succès.
Rassurez-vous heureux habitants de Montmartre, l’endroit est bien gardé, on n’a pas accès comme ça aux édiles en charge de notre culture.
Voici une liste des domiciles montmartrois de Jean Baptiste Clément :
en 1860, 3 rue du Télégraphe (aujourd’hui rue Chappe)
en 1861 chez son oncle Christian Poullain, passage de l’Arcade (aujourd’hui passage des Abbesses)
en 1863, 15 rue Véron puis au 3 rue Saint-Vincent
en 1870, puis pendant la Commune, il logeait 10 Cité du Midi
à son retour d’exil après l’amnistie en 1880, 7 rue Constance, puis chez sa tante Louise au 12 rue Ganneron.
en 1885, 53 rue Lepic ; en 1887, 7 rue Androuet ; en 1890, 14 rue Germain Pilon, ensuite avec une compagne, 45 rue des Abbesses
enfin en 1892 et jusqu’à son décès (à la clinique du docteur Dubois, rue de l’Aqueduc dans le X°), il réside avec sa femme au 110 rue Lepic.
Archives B.V. Archives de la Préfecture de police Archives de Paris Archives privées Pedro-Enriqué Séda.
Et surtout, la superbe biographie de Tristan Rémy, et du dépot de ses archives à la préfecture de police.
[1] Terme péjoratif donné aux Garde nationaux qui recevaient 1 franc 50 par jour.
Bonjour je trouve toutes ces infos fort instructives et prend plaisir à les lire. Je serai désireux de savoir s’il existe des ouvrages ou des documents concernant la population Montmartroise hormis les illustres personnalités dont vous faites état , car mes ancêtres habitaient Montmatre , 15 place du Tertre ,et rue St Rustique ,il s’agit de la famille Risch (d’origine Luxembourgeoise) mariés à Montmartre le 5 juin 1851 , père décédé en 1871 (Commune ?) plusieurs enfants sont issus de cette famille et ont habité la butte pendant plusieures décennies. J’aurai beaucoup aimé en savoir plus sur mes ancêtres ,leurs métiers ,leurs occupations, dans ce Montmartre d’antan . Je vous prie de m’excuser pour m’ètre immiscé dans votre débat mais je ne sais où m’adresser habitant la province. A toute fin utile je laisse mon mail :
jean-claude.risch@orange.fr . Merci par avance et Vive Montmartre ! J.C.Risch
desmaraispierre@msn.com
le 22 Mai 2006
Il y a une erreur de taille : JEAN BAPTISTE CLEMENT N’A JAMAIS ETE MAIRE DE MONTMARTRE. C’est le Citoyen DEREURE qui fut Maire de Montmartre, suite à la démission de Clemençeau.
Je travaille sur une Etude concernant LOUIS-SIMON DEREURE Membre de la Commune et je connais à fond mon sujet. Voir l’ouvrage " Les Montmartrois ".
Salutations
Bravo ! c’est très bien de connaître à fond le sujet, mais…
Je pense que vous devriez mieux lire l’article ! C’était l’objet des rectifications que je voulais apporter par rapport aux erreurs qui figurent sur la plaque officielle.
Comme je l’indique, Clément n’a jamais été maire pendant la Commune, pas plus que Dereure, pour la bonne raison qu’il n’y a pas eu de maire élu pendant cette période ! Merci de me conseiller de lire les notices des "Montmartrois", si vous lisez bien les contributeurs qui figure à la fin de l’ouvrage, vous verrez que je suis l’auteur des notices "Jean Baptiste Clément" et "Simon Dereure" Bon courage pour l’étude Dereure, pour vous, ou bien pour ceux qui pourraient vous lire.
B.V
desmaraispierre@msn.com
Paris, le 7 Juin 2006
Réponse à M. Bernard VASSOR.
Les notices de l’ouvrage " Les Montmartrois " n’étant pas signées sous chacunes d’elles ; j’ignorai que vous étiez l’auteur de celles se rapportant à Simon DEREURE et à Jean Baptiste CLEMENT. Concernant le faît de savoir, quel fut le véritable Maire de Montmartre sous La Commune : laissez moi vous dire que vous avez - sans nul doute - raison dans la forme, mais pas dans le fond. Après les démissions de Clémençeau, Lafon & Jaclard, Simon DEREURE élu Maire-Adjoint en Nov. 1870, resta seul en poste à la Mairie du XVIIIe. Il fut en effet secondé dans cette tâche par Jean Baptiste CLEMENT ; comme l’atteste certaines archives personnelles, ainsi que les écrits de Louise-Michel elle-même. Cet état de faît est aussi relaté dans l’interessant ouvrage sur J. B CLEMENT par Tristan REMY : " Le Temps des Cerises " . Vouloir opposer Jean Baptiste CLEMENT à Simon DEREURE est une pure idiotie ; car ces deux parfaits amis firent toujours bloc, durant les moments les plus sombres et les plus difficiles de La Commune. En Juillet 1900, Jean Baptiste CLEMENT avait tenu à assister au Père Lachaise, aux obsèques de son ami le citoyen Louis-Simon DEREURE. Parmi plus de mille personnes, il y écouta - devant sa dernière demeure -le vibrant hommage que fit la grande oratrice et militante féministe : PAULE MINK ; très proche amie de lutte de l’incontournable LOUISE MICHEL. Ne préjuger pas négativement d’avance, de ce que sera " l’Etude sur Simon DEREURE " auquelle je travaille actuellement. Moi-même j’étai comme vous dans la même prédisposition d’esprit, avant d’aborder l’examen biographique de ce personnage singulier. Depuis, j’avoue que j’ai dû réviser radicalement cette opinion toute établie… à propos du fameux cordonnier de Montmartre. Cependant ENCORE BRAVO ; vous ne vous êtes pas " égaré " fondamentalement dans la Vérité Historique. Comme vous le dîtes vous même : " il n’y eu pas de Maire élu de Montmartre pendant cette période " ….. MAIS… ( voir plus haut ).
Avec tous mes encouragements.
Pierre DESMARAIS.
Je ne répond pas habituellement aux messages hargneux et un tantinet insultants, mais des lecteurs, qui pourraient se laisser égarer par un vocabulaire stéréotypé je me permet si vous le permettez sans « préjuger par avance ( ?) » une autre pure idiotie.
A part mon contradicteur, personne n’a opposé Clément à Dereure, mais comment expliquer que les uns ou les autres aient pu exercer une fonction dans un poste qui n’existait pas ? Le pouvoir communaliste, étant basé sur la démocratie directe.
Les résultats des élections du 26 mars sont les suivants :
12 sections 130456 habitants, 7 conseillers
Inscrits…………………………………… 32962
Le huitième…………………………………4120
Votants……………………………………..17443
Blanqui (élu)………………………………..14953
Theisz (élu)………………………………….14950
Dereure (élu)………………………………..14661
Clément (élu)……………………………….14183
Férré (élu)…………………………………..13781
Vermorel (élu)………………………………13402
P.Grousset (élu)……………………………..13359
Clémenceau est en quatorzième position avec 752 voix n’est pas élu
Blanqui étant en prison, c’est Theisz ouvrier ciseleur qui arrive en tête. Dereure ( *du 61° batailon) est élu à la Commune délégué à la commission « Subsistances », tout comme Ostyn, Parisel, Champy, F.Henry, E.Clément, J.B.Clément.
Cette commission fait office de délégation ministérielle collégiale, investie du pouvoir exécutif et de commission parlementaire et municipale destinée à préparer le travail législatif et les décisions politiques de la Commune réunie en assemblée plénière. C’est Viard (88° bataillon, marchand de couleurs) qui est élu par la Commune délégué aux subsistances.
le 7 Juin 2007
il n’y avait rien " d’insultant " dans ma réponse à votre égard bien au contraire. Vous n’avez semble t-il pas saisi toute la nuance et le sens de mes propos. J’ai confirmé que vous ne vous étiez pas trompé dans la forme, ce qui vous honore tout au contraire. L’opposition que je qualifie " d’idiotie " envers ceux qui seraient tentés de voir une concurrence entre DEREURE et CLEMENT ; ne vous concerne pas encore une fois : ELLE NE VOUS EST AUCUNEMENT IMPUTEE. Elle s’adresse plutôt envers certains "historiens " peu scrupuleux de détails avérés, et affirmant des thèses discutables. Concernant les chiffres que vous donnez, ils sont parfaitement exactes. Je n’ai rien à rajouter à ma précédente réponse, dont je maintient l’énoncé. Libre à vous de l’interprêter ? Lors de la vacance de pouvoir à la tête de la Mairie du XVIIIe ; Simon DEREURE qui n’abdiqua jamais de son mandat d’adjoint " remplit par défaut il est vrai " le rôle de Maire non élu de Montmartre.
PS : pour votre information : à la débacle de la Commune ; S. DEREURE se réfugia à Genève et non à Londres comme CLEMENT. Puis il émigra à New-York en compagnie d’Eugène POTTIER, auteur de la chanson mondialement connue : " L’INTERNATIONALE ".
Pierre DESMARAIS
Chère Madame Delphine Dereure, oui, pour éviter toutes interférences, pouvez-vous me donner votre adresse personnelle, la mienne est :
bervassor@hotmail.com
c’est tout simplement EXTRAORDINAIRE.
Je fairai réponse prochainement à votre interrogation en vous citant les sources autorisées.
Bien amicalement vôtre.
Pierre DESMARAIS
Paris, le 15 novembre 2006
Réponse à Madame Delphine DEREURE-BRANDT
Au moment où je m’apprêtai à répondre - sur ce sîte - à votre INTER-VENTION PROVIDENTIELLE ; M. VASSOR qui a pris pour lui ce qui m’étai adressé, m’a précédé d’une courte tête. Excellent spécialiste de l’histoire parisienne, M. VASSOR a peut-être d’utiles informations à vous donner sur l’action locale de votre " illustre ancêtre " ? Ancien habitant du pays d’origine de Simon DEREURE, je travaille - à mes moments perdus - à un essai biographique (où il figurera parmi douze autres personnalités) dont le but à terme sera l’ouverture future d’un prometteur projet culturel (un Musée) où des salles lui seront consacrées. Pour ce qui est de la filiation actuelle de la famille DEREURE, peut-être descendez-vous de LOUISE ou LEONIE BETANNIER épousée à Corning dans l’Etat de IOWA ? LOUISE fut la seconde épouse de Simon DEREURE. La Iere Madame DEREURE, née Hortense POITRAY étant morte d’après les " Mémoires " de Louise Michel, fusillée le 24 Mai 1871 à Satory (Versailles), n’eut sans doute aucune descendance.. ? M. Stéphane HUG, Professeur d’Université à Valenciennes - en partenariat de mes recherches - a bien voulu me communiquer un précieux document : LA GENEALOGIE DE VOS ANCETRES depuis PAQUET DEREURE, au départ DE LA DATE DE 1681. Cet arbre généalogique fut dréssé par M. Marcel DEREURE instituteur à Droiturier, lui-même mort en 1980. Celui-ci s’apprêtait à divulguer un texte sur Louis Simon DEREURE, en préparation des travaux d’un colloque sur l’Histoire de La Commune. Je possède quantité d’écrits de Simon DEREURE ainsi que la teneur de toutes dernières lettres privées - juste avant sa mort - où celui-ci était dans un état de dénuement extrême. Blanquiste et Internationaliste de la Iere heure, Simon DEREURE fut toute sa vie un être doué d’un dévouement extrême, cependant doublé d’un animal politique " redoutable ", irréductiblement attaché à la cause " marxisante ". C’est pourquoi d’éminents auteurs reconnaissent en lui, une des toutes Ieres figures pionnières de l’Histoire du Socialisme. En 1915, un important Ministre tint à lui rendre hommage, en faisant attribuer une rue de Montmartre à son nom. J’ai également en ma possession le fac-similé signé d’un autoportrait très " étonnant " dâté de son retour des USA. Simon DEREURE était-il aussi un artiste, quand la non absorption de son métier manuel le lui permettait.. ? Pour ce qui est des conseils de lectures à propos du séjour aux Etats-Unis du fameux cordonnier ; vous pouvez toujours consulter dans un Ier temps les ouvrages suivants :
Etienne CABET : " Voyage en Icarie " . Ed - Dalloz
Ronald CREAGH : " Nos cousins d’Amérique : histoire des français aux Etats- Unis. Ed. Payot.
de même que les données bibliographiques de la base américaine Internet : NORTHWESTERN UNIVERSITY LIBRARY.
Quantité de sources Journalistiques, Littéraires, Historiques ou Universitaires font mention de l’action communaliste et politique de Louis Simon DEREURE. ( mêmes les écrits de Marx ou d’Engels ).
Concernant les sources américaines des plus aurorisées qui soient et qui vous interressent hautement ; vous pouvez me contacter, en toute confidentialité sur mon adresse Email : desmaraispierre@msn.com.J’attend avec impatience - Mme Delphine DEREURE - d’avoir le très vif plaisir de faire votre connaissance.
Pierre DESMARAIS.