Au cabaret de la mère Bataille 20 rue des Abbesses

Les domiciles Montmartrois de Jean Baptiste Clément

Réflexions sur une plaque…
Le mardi 22 novembre 2005.
Une petite biographie est en cours…

Par Bernard Vassor

On a depuis plus de cent trente ans beaucoup écrit, fait de recherches, et célébré l’illustre montmartrois. A l’occasion du centenaire de sa mort en 1903, les manifestations autour de son nom furent nombreuses, joyeuses et fort instructives à travers des concerts de rue, aubades, conférences et mille autres animations donnant à la butte un air de fête.

Hélas… le clou devait être le dévoilement d’une plaque qui devrait informer le passant sur le représentant de la chanson française la plus jouée dans le monde.
Stupeur ! Pas moins de 3 erreurs en 4 lignes que comporte le texte (malgré le signalement au service « culturel » de la mairie du XVIII°).

1) Il n’y a pas de trait d’union entre Jean et Baptiste, les parents de notre héros ayant voulu le différencier de son père, dont le nom en comportait un.

2) Pendant la Commune il n’y a pas eu de maire !! Ses fonctions, pendant l’insurrection furent les suivantes : après avoir été élu le 26 mars, il est nommé le 30 délégué à la commission aux subsistances. Le 17 avril, il obtient la délégation aux ateliers de fabrication des munitions.
Il donnera sa démission en raison de divergences avec le Comité de Salut Public le 20 mai.
Le 28 mai il racontera avoir été sur la dernière barricade de la rue de la Fontaine au Roi avec Eugène Varlin qui, reconnu square Montholon, appréhendé place Cadet, sera conduit 6 rue des Rosiers (actuelle rue du Chevalier de la Barre) pour y être fusillé.
C’est à cette occasion que la réédition du Temps des Cerises sera dédiée (en 1885) à Louise, l’ambulancière rencontrée furtivement sur le lieu du dernier combat de la Commune. Beaucoup d’historiens contestent ce lieu, et situent plutôt rue Ramponneau l’ultime combat.

3) Les dates : 19 mars-25 mai ne correspondent à rien de précis pour ce qui concerne l’histoire du XVIII° arrondissement. Si l’on considère ses fonctions à la mairie, ce serait : du 26 mars au 20 mai (date de sa démission) ; son action en tant que combattant : du 18 mars au 28 mai.
La reprise de Montmartre par l’armée versaillaise a eu lieu le 23 mai à midi, le 25 (date figurant sur la plaque) la Cour prévôtale de la mairie, place des Abbesses, fonctionnait à plein régime depuis 2 jours, les malheureux Trente sous [1] étant soit « collés au mur », soit conduits à Satory ou « aux Chantiers » pour y attendre un sort peu enviable.
Avant et depuis cette pose officielle, j’ai cherché à joindre à la mairie le service culturel concerné sans succès.
Rassurez-vous heureux habitants de Montmartre, l’endroit est bien gardé, on n’a pas accès comme ça aux édiles en charge de notre culture.

Voici une liste des domiciles montmartrois de Jean Baptiste Clément :
- en 1860, 3 rue du Télégraphe (aujourd’hui rue Chappe)
- en 1861 chez son oncle Christian Poullain, passage de l’Arcade (aujourd’hui passage des Abbesses)
- en 1863, 15 rue Véron puis au 3 rue Saint-Vincent
- en 1870, puis pendant la Commune, il logeait 10 Cité du Midi
- à son retour d’exil après l’amnistie en 1880, 7 rue Constance, puis chez sa tante Louise au 12 rue Ganneron.
- en 1885, 53 rue Lepic ; en 1887, 7 rue Androuet ; en 1890, 14 rue Germain Pilon, ensuite avec une compagne, 45 rue des Abbesses
- enfin en 1892 et jusqu’à son décès (à la clinique du docteur Dubois, rue de l’Aqueduc dans le X°), il réside avec sa femme au 110 rue Lepic.

Archives B.V. Archives de la Préfecture de police Archives de Paris Archives privées Pedro-Enriqué Séda.

Et surtout, la superbe biographie de Tristan Rémy, et du dépot de ses archives à la préfecture de police.

[1] Terme péjoratif donné aux Garde nationaux qui recevaient 1 franc 50 par jour.



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