Traversée de Paris sur les pas du Culte des dupes

Le mercredi 28 février 2007.

Le Culte des dupes [1] est un roman de la série des Sauve-du-Mal de Dominique Muller. Derrière ce surnom se cache Florent Bonnevy, médecin du Régent Philippe d’Orléans, des nobles et du petit peuple de Paris. Pendant qu’il soigne les riches, Florent observe leur médiocrité et leurs vices. Son argent fait, il part soigner les pauvres.

Le roman se déroule pendant l’été 1716 entre le Palais-Royal, demeure du Régent, le couvent des Ursulines du faubourg-Saint-Jacques (à l’emplacement aujourd’hui de la rue des Ursulines), la demeure de Justine et Florent Bonnevy rue de la Sourdière et l’hôtel de Gondi occupé par Mme de Tencin rue Pavé.

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L’école normale, rue d’Ulm, bâtie sur les anciennes vignes du couvent des ursulines du faubourg Saint-Jacques.

L’arrivée à Paris d’Adélaïde Paroton, grand-tante de Justine, lance Florent dans une dangereuse enquête. Adélaïde est en effet missionnée par ses voisins de Niort pour prendre des nouvelles de leur pupille, Bénédicte de Louvières, pensionnaire chez les ursulines et dont ils sont sans nouvelles.

Florent apprend que Bénédicte a disparu du couvent depuis plusieurs jours, que sa meilleure amie, la jeune Mlle Passevent, en perd l’esprit et que Mme de Malan, une des nobles locataires du couvent, veut en faire sortir Mlle Passevent pour la soigner. En réalité, le lecteur découvre rapidement que ces trois femmes sont les victimes d’un faux prêtre de cultes égyptiens et de sa soeur, René et Rosine Nulleterre, précurseurs sans scrupules des gourous des sectes d’aujourd’hui. René a vite compris que la naïveté de Mme de Malan, la situation du couvent en bordure de Paris et le fait qu’il est interdit à la police du roi d’y pénétrer - comme dans tout couvent - sont autant d’atouts pour que leurs messes noires s’y déroulent en sous-sol.

Avec le soutien plus ou moins efficace de Mme de Tencin et du Régent, Florent Bonnevy parviendra à piéger les Nulleterre et à libérer Bénédicte de Louvières.

Outre la dénonciation de la futilité de la vie de la noblesse parisienne sous l’Ancien régime, Dominique Muller montre les effets pervers de la religion lorsqu’elle s’allie au pouvoir (la supérieure du couvent des ursulines est prête à tout pour rencontrer Mme de Maintenon et le Régent) ou lorsqu’elle dresse un mur entre les hommes. Bonnevy, né juif, s’est converti discrètement - et en surface seulement - au catholicisme pour épouser Justine Monthaut, la femme qu’il aimait. Il ne supporte pas le comportement hypocrite de certains religieux qu’il croise sur son chemin, pas plus que la méfiance que le Régent éprouve à l’égard des protestants.

La plume légère, drôle et sûre de Dominique Muller entraîne le lecteur dans les rues de la capitale et sur les routes d’Ile-de-France - jusqu’à l’école de Saint-Cyr dirigée par Mme de Maintenon [2] -, en compagnie de Bonnevy, de sa femme et d’une belle galerie de personnages aussi vrais et touchants (même les plus retords) les uns que les autres.

Nulleterre finit sa vie à la Conciergerie, et Rosine au Petit Châtelet.

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La Conciergerie.

A connaître : www.polarhistorique.com, le blog sur le roman policier historique.

[1] Editions 10/18, collection Grands détectives.

[2] Qui, dit-elle dans le roman, a séjourné chez les ursulines de la rue Saint-Jacques avant d’épouser Scarron.



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