Nous vous avons déjà proposé d’accompagner le jeune héros de Philippe Bouin (voir l’article Balade dans le Paris de 1667 sur les pas des Croix de paille).
Avec La Peste blonde [1], c’est une conspiration tout aussi impressionnante que doit affronter le jeune cartésien, agent discret du lieutenant de police, Nicolas de La Reynie.
L’action se déroule en 1668, à la fois à Aix-la-Chapelle [2], Soissons, Amiens (où l’on assiste à un trafic de cheveux), Paris, Dammartin-en-Goële, Rouen, Versailles, mais aussi en Espagne, en Angleterre et aux Provinces-Unies (les Pays-Bas d’alors). Ces trois pays ont chacun leurs raisons d’en vouloir à Louis XIV. Sont-ils mêlés au trafic de perruques infestées par la peste, qu’une lettre anonyme a dénoncé à La Reynie [3] ? Tentent-ils de déstabiliser le roi en désorganisant Paris ?
Le lieutenant de police fait appel, plutôt qu’à ses commissaires, au discret Dieudonné et à ses amis les gueux, car il ne veut pas semer la panique dans la capitale. Il leur confie en même temps une autre enquête, qui concerne de faux coquetiers (facteurs) qui escroquent des gens en leur remettant de faux courriers.
Après une enquête aux multiples ultimes rebondissements, il s’avère que l’empoisonnement des perruques n’est l’oeuvre ni des Hollandais, ni des Espagnols, ni des dominicains, mais de catholiques fanatiques (comme dans Les Croix de paille) téléguidés par un puissant de la capitale, dont la seule fin est de s’enrichir davantage. Si vous voulez savoir comment…
Êtes-vous vaccinés ? Alors voici une petite promenade dans un Paris que menacent des conspirateurs sans scrupules…
C’est cachés sous le chantier de construction de l’Observatoire de Paris [4] que des hommes vêtus en dominicains contaminent des lots de perruques avec le virus de peste. L’observatoire est construit près du clos des capucins (aujourd’hui l’hôpital Cochin) et de la rue Maillet et la rue des Anges (devenues rue Cassini).
Dans un sous-sol de la rue du Chantre (située alors dans le prolongement de la rue des Bons-enfants, en direction du Louvre) logent deux conspirateurs bretons, qui mourront contaminés par la peste.
Les dominicains de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie semblent être mêlés au complot.
La rue aux Ours abrite comme dans Les Croix de paille le repaire et quartier général de Dieudonné.
Dieudonné rend visite à Molière et sa troupe de l’Illustre théâtre, dans leur salle du Palais-royal, afin de retrouver la piste d’un comédien décédé dans des conditions mystérieuses.
Dieudonné, déguisé, est introduit par le médecin Nicolas de Blégny dans le salon précieux de madame de Soissons, proche de Saint-Eustache. Il espère y rencontrer le marquis de Chaillol, qui est en rapport avec la troupe de Chateauneuf, le comédien décédé.
Là, un monsieur D’Azay lui conseille d’acheter une perruque chez un barbier de la rue de la Parcheminerie.
Un prêtre de l’église Saint-Séverin est mêlé au complot des dominicains. Un souterrain secret relie l’église à l’école de la Sorbonne.
Dieudonné coince le faux postier rue Saint-Avoye (actuelle partie de la rue du Temple comprise entre la rue Michel-le-Comte et la rue Saint-Merri), alors qu’il s’apprête à remettre une lettre pour Mme de Sévigné.
Au port Saint-Nicolas, près de la porte de la Conférence, Dieudonné surprend le déchargement d’une cargaison de perruques.
Un rendez-vous est proposé à Dieudonné par un mystérieux informateur dans la synagogue de la rue Saint-Denis, afin de l’aider à progresser dans son enquête.
La Peste blonde. Philippe Bouin, éditions J’ai Lu n°6360.
A voir aussi : www.polarhistorique.com, le blog sur le roman policier historique.
[1] Editions J’ai Lu, n°6360.
[2] Où le traité d’Aix-la-Chapelle met fin à la guerre de Dévolution : la France enlève à l’Espagne les villes de Lille, Armentières, Douai et lui rend la Franche-Comté.
[3] C’est un fait historique que La Reynie a bien reçu cette lettre anonyme le 1er mai 1668. La suite du roman est l’oeuvre de Philippe Bouin…
[4] Dont la construction commence mi-1667 - voir www.obspm.fr/histoire/paris/creation.fr.shtml.