Jules MICHELET

Paris, Vascoeuil
Le jeudi 28 août 2003.
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Le château de Vascoeuil.

"En octobre 1830, c’est-à-dire deux mois juste après la Révolution de Juillet, j’écrivis et bientôt lançai un petit livre, Introduction à l’Histoire Universelle. J’y arrachais l’histoire du fatalisme."
Michelet.

"Je suis utopiste et vous êtes réformateur."
George Sand à Michelet, 1er avril 1845.

"Le seul romantique aura été le père Michelet. Quel sillon il laissera ! Que d’idées, que d’aperçus !… Enfin, je l’aime."
Gustave Flaubert, Correspondance, novembre 1864.

C’est, on peut dire, la révolution de 1830 qui décide de la vocation de Michelet.
Et c’est l’écrasement de la Commune de Paris qui, le 22 mai 1871 à Florence, provoque une attaque qui aura finalement raison de sa santé, le 9 février 1874 à Hyères. Entre deux, l’Histoire est, pour lui, "la victoire successive de la liberté humaine sur la fatalité de la nature."
C’est l’aventure romantique du Peuple à travers les âges et les révolutions.

  Jules Michelet naît en 1798 dans une chapelle désaffectée située au croisement de la rue de Tracy (n°14) et de la rue Saint-Denis, dans le quartier des Halles. Son père est un petit imprimeur basé 6 rue des Bons-Enfants. La vie est dure et la famille déménage souvent : de 1800 à 1802 rue Montmartre, rue du Jour, rue Française ; en 1808 10 rue des Saints-Pères ; en 1809 boulevard Saint-Martin ; en 1811 rue Notre-Dame de Nazareth (cette année-là, les affaires n’étant plus ce qu’elles n’ont jamais été, Monsieur Michelet ferme boutique) ; en 1812 rue du Carême-Prenant ; en 1813 rue de Périgueux, où meurt Madame Michelet en 1814.
  Son père étant devenu gérant en cette même année d’une maison de santé située 7 rue de Buffon près du Jardin des Plantes, Jules étudie au collège Charlemagne (à l’époque, on n’enseigne pas l’histoire ; elle est abordée à travers la philosophie et les lettres).
  La maison de santé ferme ses portes en 1818, et les Michelet migrent vers le 49 rue de la Roquette, où ils demeurent jusqu’à 1828.
Depuis 1821, Michelet est professeur suppléant à Charlemagne. Dès 1827, il est chargé d’enseigner la philosophie et l’histoire à l’Ecole Normale.
  En 1830, il est nommé par Guizot, alors ministre de l’Intérieur, chef de la section historique des Archives Nationales (qu’il ne quittera qu’en 1852).
Il vient de publier un Précis d’histoire moderne et les Principes de la philosophie de Vico, à qui il emprunte l’idée que l’humanité se crée elle-même.
  En 1833 - deux ans après la parution du moyen-âgeux Notre-Dame de Paris et année de parution du Médecin de Campagne - paraissent les deux premiers tomes (qui vont jusqu’en 1270 -il y en aura vingt et un autres) de son Histoire de France. Dans ces années-là, il lui arrive de lire plusieurs ouvrages par jour. Pour en lire certains dans le texte, il a appris l’allemand et l’italien.
En 1838, il obtient une chaire d’histoire et de morale au Collège de France.
  Michelet vient de perdre sa femme en 1839 lorsqu’il s’éprend de la mère d’un de ses élèves, Alfred Poullain-Dumesnil. Madame Poullain-Dumesnil, propriétaire du château de Vascoeuil, décède en 1842 chez l’historien 10 rue des Postes (devenue rue Lhomond), où elle s’était installée pour se soigner. Mais Michelet continue d’être l’hôte de Vascoeuil, Alfred devenant bientôt son gendre. À Vascoeuil, son esprit est stimulé par "la tendre lumière des cieux vaporeux de Normandie" (Jacques Rueff).
  En 1843, au Collège de France, il déclenche la polémique par son cours sur les jésuites, qu’il rend responsable de la stérilité intellectuelle et morale du pays. Edgar Quinet et Adam Mickiewicz, dans leurs cours respectifs, développent des idées proches. La presse prend le relais et l’opinion s’enflamme pour ou contre. Les cours des deux derniers sont suspendus en 1845, celui de Michelet en 1848.
  En 1846, année de la mort de son père, il publie Le Peuple, oeuvre en partie autobiographique composée à Vascoeuil.
Alors que Lamartine publie en 1847 son Histoire des Girondins, Michelet travaille à son Histoire de la Révolution et interroge les témoins survivants.
  Dans ces années-là, il habite 45 rue de Villiers, devenue depuis rue Guersant. On peut le trouver aussi dans le salon de Marie d’Agoult, rue Neuve-des-Mathurins, aux côtés de Lamennais, Tocqueville, Mickiewicz, Tourgueniev, Renan et d’autres.
Après la révolution de février 1848, il conçoit son rôle davantage comme celui d’un éducateur qui initie le peuple à la République, plutôt que comme d’un acteur politique. Comme Quinet, il reprend en mars son cours au Collège de France. La révolution de juin ne le surprend pas tout à fait. Sa répression le brise. « Que la mémoire de ce jour soit abolie », écrit-il dans son journal le 23 juin. En juillet, il abandonne ses aspirations éducatrices et se replonge dans l’Histoire de la Révolution française, qui paraît en 7 volumes entre 1847 et 1853.
  Le coup d’État de décembre 1851 le chasse à nouveau du Collège de France, où ses cours avaient repris (laissant orphelins ses nombreux auditeurs, parmi lesquels Émile Erckmann). Michelet est bientôt également destitué de son poste aux Archives. Il part pour Nantes.
  Il revient à Paris en 1854 (44 rue de l’Ouest - devenu 76 rue d’Assas) et poursuit sous l’Empire l’écriture de son Histoire de France, sur laquelle plane l’échec de la révolution, et d’ouvrages de sciences naturelles.
Ultime retombée de juin 1848 : il confie dans Nos Fils (1869) « Je suis né peuple, j’avais le peuple dans le cœur. […] Mais sa langue, sa langue, elle m’était inaccessible. Je n’ai pas pu le faire parler. »
  Sa dernière demeure est le 1 avenue du Général de Gaulle à Hyères, où il avait l’habitude d’hiverner.

Autres demeures de l’auteur
  À partir de 1857, Michelet passe parfois l’hiver et le printemps à Hyères, 1 avenue de Gaule. Il y compose de nombreux chapitres de son Histoire de France.
  À Toulon, dans un "ermitage" au pied du fort Lamalgue, Michelet travaille durant l’hiver 1861 à la fin de La Sorcière.

Pour visiter le lieu
Le château de Vascoeuil (rue Michelet, 27910 Vascoeuil) est ouvert au public tous les jours d’avril, mai, juin, septembre et octobre, entre 14h30 et 18h30 et entre 11h et 13h et 15h et 19h en juillet et août ainsi que tous les dimanches et jours fériés (tél : 02 35 23 62 35, fax : 02 35 23 03 90).

Quelqu’un à contacter ?
Association des Amis de Vascoeuil et de Michelet : 13 avenue d’Eylau, 75116 Paris (tél : 01 47 27 45 51, fax : 01 47 04 59 15). L’Association peut également être contactée au château de Vascoeuil directement. Centre de recherches révolutionnaires et romantiques de l’université Blaise-Pascal Clermont II, 29 boulevard Gergovia, 63037 Clermont-Ferrand Cédex (tél : 04 73 34 65 16, fax : 04 73 34 66 16).

À voir aux alentours

La région est magnifique. Allez vous y promener ! Vous y croiserez :

  Flaubert à Ry, (Flaubert fut reçu à Vascoeuil par Michelet, sans doute à l’occasion d’une visite à Ry),
  Leblanc et Corneille à Rouen,
  Corneille à Petit-Couronne,
  Hector Malot à La Bouille,
  Hugo à Villequier.

Petite bibliographie
Michelet. "Moi, amoureux de Vascoeuil". François Papillard, Charles Corlet Editions, 1994, 198 F.
Michelet et la Normandie. François Papillard, Editions Corlet, 1989.
Michelet aux Archives Nationales. Article de Robert Coiplet dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome II, Editions de l’Illustration. Paul-Émile Cadilhac et Robert Coiplet.



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La Rochelambert (George Sand)