Guy de MAUPASSANT à Tôtes

Le jeudi 28 août 2003.

L'auberge du Cygne.

"Ce pauvre Maupassant ! Quel dommage, il n’aura jamais de talent !".
Ivan Tourgueniev à Léon Hennique, en 1879, quelques mois avant la parution de Boule de Suif.
"Boule de Suif, le conte de mon disciple, dont j’ai lu ce matin les épreuves, est un chef d’oeuvre […] de composition, de comique et d’observation."
Flaubert à sa nièce Caroline, 1er février 1880.

Le huit-clos du transport en commun révèle les caractères. C’est le thème central de Un début dans la vie, de Balzac, comme celui de Boule de Suif, de Maupassant.

Au milieu des difficultés, il a conçu cette nouvelle.
Il n’a que trente ans mais sa santé est bien détériorée. Ses maux de tête le rendent parfois presque aveugle.
Son poème Une fille vient de paraître dans la Revue moderne et naturaliste - après avoir été donné trois ans auparavant sous le titre Au bord de l’eau, dans La République des Lettres de Catulle Mendès - et on parle d’atteinte aux bonnes moeurs et de procès, ce qui pourrait lui coûter sa place de fonctionnaire. Mais, grâce à Flaubert, le procès n’aura pas lieu.

À mi-chemin entre Rouen et Dieppe : Tôtes.
En entrant dans le village aujourd’hui, on imagine bien l’arrivée de la diligence qui transporte Boule de Suif, "femme galante" ainsi dénommée pour son "embonpoint précoce", et une petite dizaine d’autres passagers partis pour affaires de Rouen vers le Havre, via Dieppe. L’Auberge du Cygne (l’Hôtel du Commerce de la nouvelle) se dresse, plus imposante qu’annoncé dans la nouvelle.

C’est un jour de neige de l’année 1870, et les prussiens occupent la région (en 1870, Maupassant est mobilisé à Rouen, et l’occupation prussienne chasse de Croisset l’ami Flaubert).
Le soir de la première journée du voyage, alors qu’ils auraient dû l’atteindre à midi, les passagers pénètrent dans Tôtes et l’Auberge du Cygne. Le lendemain matin, un officier prussien n’autorise le départ de la diligence que si Boule de Suif lui cède ses charmes…

Contre la plupart des critiques de l’époque, Flaubert salue Boule de Suif, parue le 17 avril 1880 dans Les Soirées de Médan, comme un "chef d’oeuvre".
Il meurt à Croisset le 8 mai. Maupassant devient en quelques mois - avec La maison Tellier (1881) - un maître de la nouvelle qui rivalise avec Mérimée. Les portes des grands journaux s’ouvrent bientôt à ses contes et nouvelles : Le Gaulois en 1880, le Gil Blas, Le Figaro et L’Echo de Paris.

Autres demeures de l’auteur
Maupassant a également vécu à Fécamp et Étretat, Antibes, Cannes, Triel-sur-Seine, Paris et sur les bords de Seine.

Pour visiter le lieu
Pour entrer dans l’Hôtel du Commerce… frapper à la porte de l’Auberge du Cygne !

Quelqu’un à contacter ?
Association des Amis de Flaubert et de Maupassant, s/c Hôtel des Sociétés savantes, 190 rue Beauvoisine, 76000 Rouen (tél. 02 35 71 21 97, fax 02 35 89 07 01), ou par le site Maupassant.
Le Comité régional de Tourisme de Normandie (14 rue Charles Corbeau, 27000 Evreux, tél. : 02 32 33 79 00, fax : 02 32 31 19 04).

À voir aux alentours
Présences littéraires aux alentours de Tôtes :
  Ry et Madame Bovary,
  Flaubert à Rouen et Croisset,
  Maurice Leblanc à Etretat,
  Gaston Leroux à Fécamp, Eu, Le Tréport,
  Leblanc et Corneille à Rouen,
  Corneille à Petit-Couronne,
  Hector Malot à La Bouille,
  Hugo à Villequier.

Petite bibliographie
Maupassant. Henri Troyat. Livre de poche n°7348.
Les promenades de Maupassant. Éditions du Chêne.
Maupassant, le clandestin. Olivier Frébourg, Mercure de France, 192 p., 92 F. Une re-visite des lieux.



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