Jean-Jacques ROUSSEAU

aux Charmettes
Le lundi 14 août 2006.

«  […] tout était vrai parce que je l’avais inventé et non parce que je l’avais vécu », écrit Jorge Semprun dans Adieu, vive clarté… Aux Charmettes, tout est vrai parce que Rousseau l’a vécu et l’a réinventé.

Les Charmettes sont une des plus anciennes maisons d’écrivains ouvertes au public.

La maison - qui est certainement pour quelque chose dans l’intérêt suscité par les maisons d’écrivains en France depuis deux siècles - est un lieu de pèlerinage sentimental, politique, philosophique et littéraire dès l’époque révolutionnaire. On vient y retrouver le Rousseau penseur, citoyen, homme libre, ou simplement celui qui a vécu ici « le court bonheur de [sa] vie » [1] et a trouvé des mots uniques pour l’écrire.
Au XIXe siècle, il n’est de poète romantique qui ne visite la maison après avoir lu Les Confessions (livres V et VI) ou Les Rêveries du promeneur solitaire (10e rêverie).

Aujourd’hui comme hier, la simplicité du lieu [2] alliée au charme des descriptions qu’on en trouve dans ces deux ouvrages produit une sorte de magie.
La maison et le jardin semblent toujours ouverts au visiteur qui vient y rencontrer Jean-Jacques et sa "marraine".

Mme de Warens loue pour l’été la maison des Charmettes à partir de 1736.

C’est dans le jardin et dans le vallon que naît l’amour de Jean-Jacques pour la nature. Alors que Mme de Warens ne considère les plantes que pour leurs vertus médicinales, il les apprécie surtout pour leur beauté et leur structure. Et la botanique a surtout pour but, à ses yeux, d’« apprendre à voir ».

Le beau jardin a été réaménagé en 1992. Il présente maintenant 80 espèces de plantes médicinales, aromatiques et potagères - étiquetées selon la classification de Linné, naturaliste que Rousseau admirait - et est entouré par d’anciens cépages et d’anciennes variétés d’arbres fruitiers. On peut y découvrir, entre autres, des tartifles…

Ce n’est que plus tard, à Môtiers, que Rousseau commence à herboriser. Il réalisera plusieurs herbiers dans sa vie - dont on peut voir des exemples à l’abbaye de Chaalis dans l’Oise - et publiera des Lettres élémentaires sur la botanique.

Mme de Warens se désintéresse bientôt de Jean-Jacques pour accorder plus d’intérêt à son coiffeur Wintzerried. Elle éloigne le premier en le plaçant comme précepteur chez M. de Mably, grand prévôt de Lyon. Il n’y tient qu’un an, revient aux Charmettes et à Chambéry, avant de quitter en 1742 définitivement ces lieux qui ne sont plus pour lui ceux du bonheur.

Mme de Warens crée plusieurs entreprises à Chambéry. Elle vit à partir de 1750 dans une maison du faubourg Reclus, louée à M. d’Allinges, puis dans la pauvre maison Flandin du faubourg Nézin en 1756. Entre deux, des escrocs l’ont menée à la faillite, et elle décède en 1762 dans la misère. Elle est enterrée dans la fosse commune du cimetière de Lémenc.

Source : Regards sur Chambéry.

[1] Les Confessions, livre VI.

[2] Au rez-de-Chaussée, le salon de musique et, au 1er étage, un oratoire, la chambre de Mme de Warens et celle de Rousseau. La maison et le jardin sont ouverts et gratuits toute l’année, sauf le mardi et les jours fériés (tél. 04 79 33 39 44). Des spectacles y sont donnés les soirs d’été.



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