La misère n’engendre pas toujours la solidarité ni la convergence d’opinion. Pour Léon Bloy, Vallès est "l’immonde entre les immondes". Ces deux écrivains-journalistes-là, malgré leur vie difficile, ne se ressemblent que pour la fermeté de leurs jugements et ne convergent que lorsqu’il s’agit d’étriller les pouvoirs, quitte à se faire remercier régulièrement par les journaux qui les emploient.
Même Zola, qui a connu enfant les mêmes conditions difficiles que Vallès, considère celui-ci "inepte"…
À avoir une enfance pauvre et violentée comme celle de Vallès, on deviendrait facilement criminel. Par quel miracle devient-il écrivain ? C’est que, comme l’écrit Alain Viala dans sa préface à L’Enfant, "la haine contre les parents est transcendée en rage de transformation sociale. Et, par là, Vallès sauve finalement l’image de ses parents, les plaint plus qu’il ne les condamne." Et c’est bien la politique qui le poussera à écrire sa trilogie autobiographique L’Enfant, Le Bachelier, L’Insurgé, dans laquelle esprit de révolte et humour font très bon ménage.
Jules naît le 11 juin 1832 au Puy-en-Velais [1], d’un père instituteur et d’une mère paysanne. En 1840, la famille migre à Saint-Etienne, puis à Nantes en 1845.
En 1848-49, il passe une année scolaire à préparer à Paris son entrée au lycée Condorcet, mais sans succès, et revient à Nantes.
En 1851, il s’installe de nouveau à Paris. Ses adresses sont le 6 rue Dauphine, à hôtel St-Joseph ou Riffault où échoue également Vingtras dans Le Bachelier, l’hôtel de Lisbonne, 4 rue de Vaugirard…
Il passe le début de l’année 1852 à l’asile d’aliénés de Nantes, car il commence à s’agiter au niveau politique : après le coup d’Etat du 2 décembre, son père a tenté de le faire passer pour fou… Au printemps, il revient à Paris (hôtel Jean-Jacques Rousseau), décidé à suivre des études de droit. Mais les activités politiques et les collaborations avec différents journaux l’occupent davantage… En 1860, il décroche tout de même un poste à la mairie de Vaugirard.
En 1862, le voilà à Caen, "pion" dans un lycée, pour être à nouveau parisien quelques mois plus tard, entre articles rejetés, courts séjours en prison pour une raison ou une autre et tentatives avortées de lancer ses propres journaux.
Refusant des fonctions politiques que la nouvelle République lui aurait bien cédées, Vallès s’engage à fond dans la Commune, que presque tous les autres écrivains de l’époque vilipendent. Il en suscite la création en mars 1871 et, avant qu’elle ne soit noyée dans le sang deux mois plus tard, y joue un rôle très actif, ayant tout juste le temps de créer un nouveau quotidien : Le Cri du Peuple.
Il écrit L’Enfant alors qu’il se trouve exilé à Londres entre 1872 et 1876, ayant réussi à se cacher et à fuir, mais condamné à mort par contumace. Grâce au soutien amical d’Hector Malot, le livre paraît d’abord en feuilleton dans Le Siècle en 1878, puis est édité l’année suivante par Charpentier, l’éditeur de Zola.
Il s’installe à Bruxelles en 1879, puis revient le 13 juillet 1880 à Paris après l’amnistie des condamnés de la Commune.
Le Bachelier est publié en 1881. Le Cri du peuple reparaît avec succès en 1882. Mais Vallès décède trois ans plus tard, 77 boulevard Saint-Michel à Paris.
L’insurgé est publié en 1886.
Autres demeures
En 1882, Vallès séjourne 12 avenue Eglé à Maisons-Laffitte (plaque).
Quelqu’un à contacter ?
La Société des Amis de Jules Vallès peut être contactée par l’Université de Saint-Etienne, 2 rue de la Tréfilerie, 42000 Saint-Etienne.
À voir aux alentours
Jules Romains à Saint-Julien-Chapteuil,
Robert-Louis Stevenson au Monastier-sur-Gazeille,
Albert Camus au Panelier (le Chambon-sur-Lignon),
George Sand à Saint-Paulien.
Petite bibliographie
L’enfant. Jules Vallès. Préface et commentaires par Alain Viala. Editions Pocket, n°6015, 26 F.
Jules Vallès ou la révolte d’une vie. Max Gallo. Editions Robert Laffont, 1988.
Revue d’études vallésiennes, publiée par la Société des Amis de Jules Vallès (Université de Saint-Etienne, 2 rue de la Tréfilerie, 42000 Saint-Etienne).
Jules Vallès, l’Irrégulier, une bio de Daniel Zimmermann (Editions Le Cherche-Midi, 1999) qui ne fait pas dans le détail…
Voir aussi Jules VALLES, l’insurgé parisien.
[1] Sa maison natale est encore visible place de la Plâtrière.
Bonjour,
Cette année, du 30 septembre au 20 novembre 2005, la Communauté d’agglomération et la Ville du Puy-en-Velay commémorent le 120e anniversaire de la mort de Jules Vallès. Un mois et demi de conférence, d’expo, de spectacles, de débat (laïcité, droits de l’homme et de l’enfant…) Si vous voulez plus d’info, adressez-vous à : j.christophe.vera@mairie-le-puy-en-velay.fr
Bonjour J’ai l’intention de collaborer avec vous en vue de recevoir des informatoins utiles sur Jules valles. En effet , je fais actuellement un travail de recherche sur l’auteur à partir du thème suivant : l’oeuvre romanesque de Jules vallès : portée sociale et littéraire.
Merci d’avance.