Au nord-est de la capitale, le quartier de Belleville, situé au-dessus de Ménilmontant, abrite l’un des deux points culminants de la ville - avec la basilique Saint-Pierre de Montmartre : le réservoir de Belleville (129 mètres).
C’est aussi le quartier de Daniel Pennac. Chaque jour, on y croise ses personnages : un membre ou un proche de la fratrie des Malaussène, dont l’aîné, justement nommé Benjamin, est bon gré mal gré le héros principal de Au bonheur des ogres, La fée carabine, Aux fruits de la passion, La petite marchande de prose, Monsieur Malaussène, etc.
De roman en roman, la tribu Malaussène vit une vie agitée 78 rue de la Folie-Régnault (juste en-dessous du cimetière du père Lachaise -et il y a même une quincaillerie au rez-de-chaussée !) et alentour.
Car, dans ce quartier, les truands achèvent les petites vieilles - et le contraire aussi (La fée carabine).
Bien que Pennac s’attache plus à décrire ses personnages que les espaces qu’ils traversent, on peut reconnaître dans ses romans les lieux suivants :
le commissariat de la rue Ramponeau, qui vivrait plus tranquille sans les Malaussène,
c’est au coin de la rue du Faubourg du Temple et de l’avenue Parmentier, qu’une "minuscule vietnamienne" se fait aborder par deux jeunots devant un distributeur de billets… (La fée carabine),
l’ignoble architecte Ponthard-Delmaire (idem) habite dans une maison de verre et de bois de la rue de la mare,
la veuve Hô habite rue de Tourtille, et c’est au coin du bd de Belleville et de la rue de Pali-Kao qu’elle embarque pour le camp d’entraînement à Montrouge (toujours idem).
Professionnellement, Benjamin est bouc-émissaire dans "le Magasin" puis aux "Editions du Talion". En quoi consiste cette fonction ? Vous n’avez qu’un moyen de le savoir (les romans sont disponibles chez Folio-Gallimard). Où situer ces deux employeurs ? On ne sait pas trop. En-dehors de Belleville, sans doute.
À propos, voici quelques autres lieux du Paris des Malaussène, en-dehors de Belleville :
l’hôpital Saint-Louis accueille temporairement plusieurs personnages,
Julie Corrençon, le grand amour de Benjamin, habite 85-87 rue du Temple,
Marie-Colbert de Roberval, éphémère beau-frère de Benjamin (Aux fruits de la passion), meurt de rire dans son hôtel particulier, 60 rue de Quincampoix,
"à deux cents mètres" habite l’ami de la famille, Théo, 3 rue aux ours,
c’est du Pont-Neuf qu’un corps est mystérieusement balancé dans la Seine dans La fée carabine.
Ah oui, dernière chose : si, dans une rue de Belleville, vous croisez un chien épileptique mais sympathique, c’est Julius, le chien de Benjamin.
hors de propos dans cet article, j’avoue etre en quête d’un fragment extrait de l’un des tomes de la série Malaussène : si mon souvenir est exact, Julie parle de sa conception de l’amour l’associant à l’espagnol "comer" manger.
j’ai perdu mes livres dans un déménagement, impossible de remettre la main dessus, j’ai besoin de cette phrase… J’ai besoin de ne pas l’écorcher quand j’y pense…
merci d’avance.
« C’est à la seconde où je fais cette importante découverte que s’ouvre la porte de ma chambre.
Eh ?
Tante Julia se tient debout sur le seuil. Un sourire flotte. Je ne me lasserai jamais de décrire ses vêtements. Ce coup-ci, c’est une robe de laine écrue, tout d’une pièce, qui croise sur la plénitude de ses seins. Lourd sur lourd. Chaud sur chaud. Et cette densité si souple…
Je peux ?
Elle se retrouve assise à mon chevet avant que j’ai pu donner mon avis.
Bravo ! Ils t’ont bien arrangé, tes petits collègues !
Je sens ma Clara derrière cette présence, ("va donc voir là haut si Benjamin ne meurt pas")
Quelque chose de cassé ?
La main que Julia pose sur mon front est fraîche. Elle se brûle, mais ne la retire pas.
Je demande :
Julia, qu’est ce que tu penses des ogres ?
A quel point de vue ? Mythologique ? Anthropologique ? Psychanalytique ? Thématique des contes ? Ou je te fais un cocktail de tout ?
Pas envie de rigoler.
Arrête ton cirque, Julia, digère les concepts et dis mois ce que toi tu penses des ogres.
Ses yeux paillettes réfléchissent une seconde, puis un immense sourire m’offre le panorama de ses dents. Elle se penche soudain et, tout près de mon oreille, murmure :
En espagnol, aimer se dit "comer".
Un sein s’échappe de sa robe dans la brusquerie du geste. Et ma foi, puisqu’en espagnol aimer c’est manger… »
Voilà l’extrait en question. C’est à la fin du chapitre 23, dans "le bonheur des ogres". Sympathique extrait il est vrai.
Allez voir le lien suivant, et portez une attention particulière à la date de publication : à l’instar du téléphone sans fil, envoi d’un fax par télépathie !
P.S. : advenant le cas où la citation est incomplète, faites-le moi savoir en me laissant un commentaire ! ;o)
En ce qui concerne Comer et aimer, tu pourras retrouver également cette référence dans la "Fée carabine", lorsque Benjamin retrouve sa Julia, sa Corrençon de retour à la quincaillerie après que Jérémy et Louna l’aient arrachée du service de Bertold. Tel un prince il veut ranimer sa belle au bois dormant dont les lèvres tuméfiées lui font penser à cette digression.
Dès que je rentre je t’envoie l’extrait exact.
Et n’oubliez pas …. Pennac interprète son propre texte Merci à partir du 29/9/2005 au théatre du Rond-Point - vous pouvez accéder au réservations par l’article que j’ai écrit sur ce livre dans mon blog.
cyane http://cardillo.over-blog.com
Bravo encore pour cet article !
Effectivement, Le Zèbre revit depuis quelques temps. Et en avril, c’est bien De Rien (un groupe, même si on ne voit que le chanteur sur l’affiche) qui y passe. C’est de la très bonne chanson…
C’est sûr qu’à chaque fois qu’on entends Pennac parler (ou juste qu’on le lit…), on a envie de le rencontrer, mais… est-ce raisonnable ? C’est bien aussi qu’un auteur garde un coté… secret, inaccessible, non ?
Rencontrer Daniel Pennac…c’est sûr que ça pourrait être super ; mais rencontrer Benjamin Malaussène ! c’est mon rêve depuis que j’ai ouvert le premier roman de la série il y a qqs années…
En tous cas, merci pour ce descriptif en images de Belleville !! De quoi me faire prendre patience jusqu’au jour où, de ma Belgique natale, je partirai pour une journée à Paris !!
…Que dire ? je viens de tomber sur cet article et j’en suis amoureux…étant Bordelais et nouveau fan du grand Monsieur Malaussène et de Monsieur Pennac…J’en suis déjà à prévoir un voyage sur Belleville pour m’inprégner de cette ambiance dont je ne peut plus me passer…
Bravo pour l’article, et encore merci à Monsieur Pennac qui est un de mes auteurs favoris derrière le Grand Boris Vian.
La question existentielle qui me taraude est : à quand le prochain roman avec la famille Malaussène ? Est-ce que quelqu’un aurait une piste ? Et sinon toujours pas d’adresse pour écrire à M. Pennac ?
Tant de questions sans réponse… Ah la vie est dure… :-)