Les TROLLOPE à Florence et ailleurs

Le samedi 15 mai 2021.
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La Villino Trollope à Florence (source Wikimapia)

Ma che famiglia ! Il leur faut un immeuble entier pour vivre à Florence ! Cet immeuble existe toujours, c’est la Villino Trollope (la Villa Trollope), 1 via Vincenzo Salvagnoli, qui donne sur la Piazza Indipendenza (à l’époque Piazza Maria Antonia). Il fut dans les années aux alentours de 1850 un des salons littéraires de la capitale de la Toscane.

La famille, c’est, des plus anciens aux plus jeunes :
- Frances ("Fanny") Trollope (mère de Thomas Adolphus et d’Anthony) qui décédera ici en 1863,
- Theodosia Garrow, amie d’Elizabeth Barrett Browning, mariée à Thomas Adolphus et atteinte de tuberculose, décédera quant à elle en 1865. Tous deux s’installent Villino Trollope en 1850. Joseph Garrow, père de Theodosia, les rejoint bientôt et mourra en 1857.

D’origine anglaise, Frances s’est exilée en 1827 en Amérique avec toute sa famille pour fuir les revers de fortune de son mari. Elle a alors rejoint la communauté Nashoba, cité utopique fondée par Fanny Wright près de Memphis (devenue aujourd’hui Germantown) en s’inspirant des idées de Robert Owen. Leur objectif d’émanciper les familles d’esclaves qu’elles y ont rassemblée se heurta à un échec, et les Trollope migrèrent ensuite vers Cincinnati, avant de revenir en Angleterre en 1831.

C’est la publication en 1832 de Domestic Manners of the Americans (Mœurs domestiques des Américains) qui a rendu Frances célèbre. Avec sa plume (et en particulier la description des différents peuples européens qu’elle visite), elle va faire vivre toute sa famille. Par sa production intense et sa sensibilité sociale, elle est un peu une George Sand anglaise. À la fin des années 1830, elle enquête sur le travail des enfants et en tire The Life and Adventures of Michael Armstrong,The Factory Boy.

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Grandon, Hadley Green Road à Monken Hadley, est la demeure des Trollope en 1836–1838 (source https://commons.wikimedia.org/w/index.php ?curid=41740617)

Quand elle découvre Florence en 1843, huit ans après la mort de son mari, c’est le coup de foudre. Elle a enfin trouvé son paradis, après avoir vécu dans différents pays et y avoir perdu plusieurs de ses enfants (Anthony, frère de Thomas Adolphus, est fonctionnaire des postes en Irlande de 1841 à 1859 ; il deviendra un romancier aussi prolifique qu’un Dickens ; aujourd’hui, il est le membre de la famille Trollope dont on se souvient).

Frances emménage d’abord Casa Berti, sur la Via di San Giuseppe, près de l’église Santa Croce. En 1848, alors que les révolutions éclatent en Europe, elle déménage dans la Villino Trollope.

L’été, pour échapper à la chaleur de Florence, les Trollope aiment rejoindre 100 kilomètres plus loin Bagni di Lucca (ville thermale également connue de Byron, Shelley, Lamartine, Dumas, les Brownings, etc., et même Montaigne !), entre autres à l’hôtel Pagnini.

La Villino Trollope voit passer les grands auteurs de l’époque : Dickens, George Eliot, Thackeray, Harriet Beecher Stowe, Thomas Hardy (en 1887, alors que la Villa Trollope est devenu une pension de luxe), etc. Tous sont impressionnés par la beauté de la maison, dont on a un aperçu sur la photo jointe.

La plupart d’entre eux fréquentent aussi le salon Vieussieux.

À lire également (en anglais) : un article très documenté sur la Villa Trollope : http://jsbookreader.blogspot.com/2012/06/villino-trollope.html.



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