Le Fantôme de la rue Royale

Balade dans le Paris de 1770 avec Nicolas le Floch
Le vendredi 8 septembre 2006.

30 mai 1770.
Dix ans après sa première enquête [1], Nicolas Le Floch est devenu un commissaire de police d’autant plus respecté qu’il a l’oreille de M. de Sartine (lieutenant général de police de Paris) et même du roi Louis XV.
Mais le gigantesque accident qui clôt le grand feu d’artifice donné place Louis XV par la ville de Paris et son prévôt Jérôme Bignon en l’honneur du mariage du dauphin (le futur Louis XVI) et de Marie-Antoinette, risque de ternir son blason, ainsi que celui de M. de Sartine.
Accident ou complot ? Car pendant que la panique se répandait sur la place, faisant périr des centaines de personnes, Nicolas était retenu, enfermé, dans une pièce avec vue sur la scène…
Sartine le charge d’éclaircir l’origine de l’événement.

Nicolas obtient de pouvoir enquêter également sur la mort, ce même soir, d’une jeune femme intervenue tout près, rue Royale, décès qui ne semble pas liée au désastre : elle a été étranglée et une perle noire a été trouvée dans sa main.

Le Floch enquête avec ses compères l’inspecteur Bourdeau (qui possède « la qualité précieuse et quasi magique d’apparaître toujours au moment où sa présence [est] le plus nécessaire ») et le médecin Semacgus.

Suivons-les dans leurs investigations à travers Paris.

-  C’est à l’angle de la rue de Bourbon (rebaptisée rue de Lille en 1792) et de la rue de Bellechasse que Nicolas assiste à un accident de la circulation mettant en cause un officier de la maréchaussée qu’il retrouvera plus tard dans son enquête.

-  Le soir du 30 mai, Nicolas Le Floch est logé dans l’hôtel des Ambassadeurs extraordinaires (aujourd’hui hôtel Crillon).

- La place Louis XV (Place de la Concorde) est donc le théâtre d’une panique générale le soir du 30 mai 1770, à laquelle les forces de l’ordre réagissent par la violence.

-  Dans les salles basses du Grand Châtelet (à l’emplacement actuel de la place du Châtelet), le bourreau et médecin Sanson et Semacgus autopsient la jeune femme trouvée rue Royale. Il apparaît qu’elle venait d’accoucher. C’est aussi au Grand Châtelet que Nicolas, tel Hercule Poirot un siècle et demi plus tard, rassemble tous les témoins, complices et coupables potentiels pour une confrontation finale, le 6 juin 1770.

-  Une visite au cimetière de La Madeleine (sur l’emplacement duquel se trouve aujourd’hui la chapelle expiatoire, 29 rue Pasquier) permet au commissaire d’apprendre que le corps de la jeune fille étranglée a été réclamé par Charles Galaine, un marchand de peaux tenant magasin rue Saint-Honoré, presque à l’angle avec la rue de Valois, face à l’Opéra [2].
Nicolas va rapidement découvrir cette maison, dont la famille (les parents, deux sœurs de M. Galaine, un fils, une fille, un indien Micmac, une cuisinière, une jeune servante) se comporte étrangement. Sont-ils tous complices ou coupables ?
La jeune fille assassinée était Elodie Galaine, nièce du marchand. Un événement vient compliquer l’enquête : la jeune servante de la maison semble possédée par le démon.
Le roi en personne demande à Nicolas… d’aller immédiatement habiter dans la maison pour y poursuivre son enquête et tenter de mettre un terme à toute cette agitation avant qu’elle ne gagne tout le quartier. Nicolas assistera dans cette maison à deux manifestations diaboliques, puis à un exorcisme conduit par l’exorciste du diocèse de Paris.

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Le couvent des Carmes aujourd’hui.

-  La boutique de maître Vachon, tailleur du commissaire Lardin, de M. de Sartine et de Nicolas, est située rue Vieille-du-Temple. Nicolas prend soin d’aller le visiter lorsque, par exemple, il doit se rendre à Versailles pour rencontrer le roi. Lorsqu’il le peut, maître Vachon met ses connaissances au service de l’enquête de Nicolas.

-  Afin de calmer les rumeurs qui courent sur sa famille, Charles Galaine emmène sa famille au grand complet assister à la messe de Pentecôte à l’église Saint-Roch.

-  Le notaire des Galaine habite rue Saint-Martin, en face de la rue aux Ours.

-  Le couvent des carmes déchaux, rue de Vaugirard (voir la plaque 74 rue d’Assas), est la demeure du père Grégoire, spécialiste des plantes médicinales et grand ami de Nicolas. Il lui conseille de faire appel à un exorciste.

-  Nicolas rencontre l’archevêque de Paris, dans l’archevêché situé sur le flanc sud de la cathédrale Notre-Dame (il n’existe plus ; sur son emplacement se trouvent aujourd’hui la sacristie et le presbytère de Notre-Dame). Nicolas obtient la caution de l’archevêque pour solliciter l’exorciste du diocèse de Paris, le père Raccard.

-  Avant de s’attaquer au diable dans la maison Galaine, le père Raccard se prépare un bon souper en compagnie de Nicolas, chez lui, rue des Fèves (sans doute la rue aux Fèves, parallèle à l’actuelle rue de la Cité, au niveau de l’actuelle rue de Lutèce).

-  Naganda, l’indien Micmac, est accueilli au couvent des Lazaristes (St Lazare ?), rue du Faubourg-Saint-Denis, après avoir été poignardé chez les Galaine.

-  Le pharmacien des Galaine tient boutique à l’angle de la rue Saint-Honoré et de la rue de la Sourdière.

-  En se rendant au domicile de Restif de la Bretonne rue de la Vieille-Boucherie (rue de la Harpe), Nicolas s’arrête rue de la Huchette pour manger un demi-poulet grillé.

-  C’est en réalité au collège de Presles que Nicolas trouve Restif, qui est l’amant de Mme Galaine.

-  La conclusion des deux enquêtes (celle sur les causes de la catastrophe du 30 mai place Louis XV et celle sur la morte de la rue Royale) est saluée comme il se doit par un souper offert le 7 juin 1770 par l’inspecteur Bourdeau chez Ramponneau, au hameau des Porcherons, en face de la barrière Blanche (à l’emplacement actuel de la place Blanche). C’est là que le jovial Jean Ramponneau s’est installé vers 1760, vendant la pinte de vin à trois sous et demi au lieu de six. On crée pour lui le verbe ramponner (boire outre mesure). Il connaît la gloire après avoir gagné un procès intenté contre lui, et après que Voltaire en a fait l’objet d’un conte.

[1] L’Énigme des Blancs-manteaux.

[2] Ou plutôt l’ancien opéra, disparu dans un incendie en 1763. Une plaque en garde aujourd’hui le souvenir sur la façade du Palais Royal, à l’angle de la rue Saint-Honoré et de la rue de Valois.



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