Valentino
(Henri Justin Joseph, Lille 1785- Versailles 1865)
Par Bernard Vassor
Cette salle porte le nom d’un violoniste chef d’orchestre qui avait « magistralement dirigé le Guillaume Tell de Rossini le 3 août 1829 ».
Après l’arrivée du docteur Véron à la tête de l’Opéra Lepelletier qui avait réduit le traitement des membres de l’orchestre, Valentino donna sa démission et prit la direction de l’Opéra-comique jusqu’en 1837.
Un certain Chabrand qui possédait un vaste local rue Saint Honoré, qui avait servi de temple puis de bazar, fut contacté par Musard pour l’établissement d’une salle de concert en association. On installa un café, un promenoir et une orangerie.
Le bazar Chabrand fut baptisé « Champs Elysées d’hiver » en 1834. Musard obtint que son nom lui fût substitué. En 1838, Chabrand apprit que « Napoléon-Musard » avait obtenu de la préfecture l’ouverture d’une salle de concert rue Vivienne, le laissant seul face à des engagements financiers importants et rebaptisa son établissement « Salle Saint Honoré ».
Le 15 octobre 1838, il inaugurait une salle de concert à la hauteur des numéros 247-251 de la rue Saint-Honoré. Il confia « la musique sérieuse » à Valentino.
La salle qui pouvait contenir 1200 places fut d’abord réservée aux concerts classiques trois fois par semaine. Puis, le succès aidant, le reste du temps elle servait de salle bal et à des concerts de musique légère. « Mais bientôt envahie par les quadrilles, les symphonies de Beethoven durent céder le pas aux galops et danses échevelées. »
En 1841, la salle devint une succursale du bal Mabille ; Valentino se retira définitivement. Son nom resta attaché à cet établissement jusqu’à sa fermeture définitive vers 1890.
En 1848 et 1871, elle servit de lieu de réunion aux « Clubs rouges ».
A l’emplacement du « Concert Valentino », le « nouveau Cirque » s’est installé. Des expositions de peinture et un panorama : « la Bataille de Reischauffen » ont étés présenté au public. Puis le cabaret « le Chien Noir » (article précédent) y a trouvé ici un nouveau public.
PAR BERNARD VASSOR Cher Monsieur, je n’ai pas connaissance de concerts donnés par Emile Douai (ou Douay) à la salle Valentino. Il a vu le jour en 1802, mais on ne sait rien de ses études musiclaes (pour ma part). Nous savons qu’il joua au théâtre du Gymnase Dramatique vers 1822 comme premier violon dans l’orchestre puis il fut nommé deuxième chef en 1823. Il fit donner un petit Opéra "Une Aventure de Faublas" qui fut un échec total. Il disparut de la vie publique en 1831.
Il forma des élèves et continua seul des recherches musicales. Complètement oublié, il fit un retour apprécié en 1843, prenant à son compte la dépense d’un orchestre, et la location de la salle de la rue Neuve-Vivienne où il donna deux oeuvres de sa composition "Geneviève des Bois" et "La Création de la vie et la destruction" symphonie poétique. Les journaux ayant fait les louanges de notre compositeur, le public se rendit en masse aux deux autres concerts qu’il devait donner.
Après ce triomphe, il se rendit incognito en Allemagne qu’il parcourut pour améliorer ses connaissances musicales. Solitaire, il écoutait et comparait les différentes écoles. Revenu à Paris, c’est à la salle Ventadour qu’il donna deux nouvelles compositions "Christophe Colomb" et "La Mer".
Puis, c’est au théâtre Italien qu’il se produisit comme violoniste. Puis il se fit entendre aux "Concerts des Jeunes Artistes du Conservatoire"dirigé par Pasdeloup. Cette fois il n’eut aucun succès, il disparut de la scène, et nous ne connaissons pas la date de sa mort (pour le moment)
Bonjour,
J’aimerais savoir, lors de la mise en place du Panorama de Reichshoffen, la salle Valentino fut-elle détruite ou transformée ?
Au premier étage se trouvait le Salon du Panorama de Reichshoffen, une salle d’exposition de peintures ? Quelle étaient les expositions célèbres de ce lieu ?
Il existait également un bar dans ses locaux, comment s’appelait-il ?
De nos jours cet endroit est-il entièrement détruit ou reconstruit ?
Salutations, merci de votre réponse. Bernard SCHMITT reichshoffen@aol.com
Le 27 janvier 1871, pour protester contre l’armistice, des officiers du 1er bataillon de la Garde nationale lancent un appel pour se réunir salle Valentino : « MM les officiers prient leur collègue de tous les autres bataillons de la Garde nationale, de bien vouloir se réunir demain Vendredi 27 janvier à la salle Valentino à deux heures très précises » Une autre réunion, est organisée salle Valentino pour le 28 mais ne peut se tenir. Le 31 janvier, le journaliste Henri Vrignault, porte drapeau au 16e bataillon lance dans son journal La Liberté, un appel très électoraliste à la Garde nationale, soulignant que l’armistice a laissé les gardes nationaux à la fois armés et organisés, il demande à ce qu’un choix intelligent et sérieux de députés soit fait pour les prochaines élections, il propose une réunion également salle Valentino parce qu’ il y prend régulièrement la parole au club de la Délivrance.
P.E Seda.
Merci pour ces informations Monsieur Pedro Enrique Séda, vos compétences et votre érudition m’ont toujours été très utiles. Je vous transmet quelques informations qui pourront vous servir.
Annexes : les clubs révolutionnaires 1848 Alphonse Lucas, Les Clubs rouges, Molinari, (1871) :
Le Club des Clubs, comme du reste toutes les associations démocratiques, cherchait à agir sur l’esprit de l’armée, à semer dans ses rangs la démoralisation et l’indisicipline. Nous donnons place ici à deux pièces qui nous paraissent curieuses, non seulement par ce qu’elles renferment, mais encore par les noms dont elles sont signées. (p. 63) Les membres dirigeants du Comité central électoral, tenaient des séances dans les divers arrondissements de Paris et les principales localités de la banlieue ; celles qui avaient lieu rue Saint-Honoré (salle Valentino), sous la présidence du citoyen Patorni, avocat à la cour d’appel, étaient les plus suivies. Rien n’était plus risible que l’éloquence du président Patorni ; il avait contracté la singulière habitude de chanter à la tribune la romance de Béranger intitulée les Souvenirs du Peuple ; mais l’enthousiasme était si grand en faveur du neveu de notre grand empereur, que ces ridicules facéties étaient chaque soir vigoureusement applaudies. Les citoyens A. Legallois et Hippolyte Bonnelier étaient les orateurs ordinaires des réunions napoléoniennes ; le premier est un très-singulier socialiste dont nous disons quelques mots à l’article Club de la Montagne (rue Frépillon). A propos du second, nous avons imprimé ce qui suit dans une publication précédente : « Le citoyen Hippolyte Bonnelier homme de lettres, auteur de plusieurs romans d’un mérite douteux, ancien sous-préfet à Compiègne, ex-comédien du second Théàtre-Français, où il débuta sous le nom de Max, et décoré de juillet, s’était fait, après la proclamation de la République, une assez singulière spécialité doué d’un organe sonore et de l’éloquence à périodes ronflantes mais dépourvue d’idées que les masses applaudissent avec un si vif enthousiasme, il promenait l’un et l’autre de club ou club, dénigrant aujourd’hui ce qu’il avait loué hier. Nous avons tour-à-tour entendu ce citoyen au club Blanqui, au club démocratique du faubourg Montmartre, au club des femmes, etc., etc. Son éloquence cosmopolite se fit surtout applaudir dans les réunions du Comité électoral napoléonien ? Nous avons entendu le citoyen H. Bonnelier, dans une des séances du Comité central, à la salle Valentino, appliquer ces mots à madame la duchesse de Berry : « Cette femme dont la robe était mal attachée. » A ce moment-là, le citoyen H. Bonnelier avait sans doute oublié qu’il avait été le lecteur ordinaire de cette princesse, et que plus d’une fois, il avait eu à se louer de sa générosité. » A propos de ces quelques lignes, le citoyen H. Bonnelier nous a fait menacer, par tous les journaux, d’un procès en diffamation dont nous attendons encore les résultats. Dans sa note adressée aux Journaux, le citoyen H. Bonnelier affirme que jamais il n’a fait partie de la maison de Madame la duchesse de Berry. Nous lui donnons ici, de notre plein gré, acte de sa réclamation ; nous pouvons avoir été induit en erreur par des renseignements inexacts. A part cette exception, nous maintenons tout ce que nous avons avancé. (pp. 75-76)