Jules et Edmond de GONCOURT

à Paris et Auteuil
Le mardi 19 août 2003.
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La maison d’Auteuil.
"L’affaiblissement de la volonté, habituel objet de l’étude des frères Goncourt, c’est vraiment la maladie du siècle."
Paul Bourget, 1885.
"Tout le naturalisme, en sa partie populaire, vient de Germinie Lacerteux."
Rémy de Gourmont, Revue des Revues, 1er août 1896.
"On ne saura jamais avec notre timidité naturelle, notre malaise au milieu de la plèbe, notre horreur de la canaille, combien le vilain et laid document avec lequel nous avons construit nos livres nous a coûté."
Edmond de Goncourt, Journal, 22 août 1875.

Si Jules et Edmond de Goncourt sont encore un peu connus aujourd’hui, c’est bien sûr grâce au Prix né en 1903 des dernières volontés d’Edmond, grâce à leur Journal - mine inépuisable d’observations pour leur production romanesque - et, plus largement, par le fait que rares sont les auteurs qui écrivent à quatre mains issues du même père (si l’on peut dire). Il y a bien les soeurs Brontë, mais elles n’ont pas d’oeuvre commune.
C’est aussi, mais on l’a oublié aujourd’hui, parce que les deux frères (malheureusement après la mort prématurée de Jules) ont révolutionné les lettres des années 1860-80 en ouvrant la voie au naturalisme.

- Edmond naît à Nancy en 1822 d’un père ancien officier d’Empire. Jules voit le jour à Paris huit ans plus tard. Leur enfance se déroule à Neufchâteau, dans les Vosges (2, place Jeanne-d’Arc) et à Paris (22 rue Rossini). Leur père décède en 1834, leur mère en 1848.
- La famille habite entre 1838 et 1849 au 14 rue des Capucines.
Edmond s’oriente vers le droit pendant que Jules écrit un petit drame.
- En 1849, ils dessinent à travers la France et l’Algérie.
- En 1849, les deux frères s’installent 43 rue Saint-Georges (d’abord au rez-de-chaussée, qu’ils quitteront plus tard pour le 3ème étage au fond de la cour). Ils viennent d’hériter de leur mère. Leurs quelques tentatives dans l’art dramatiques ne sont pas bien fructueuses. Ils s’essaient à un premier roman En 18.., dont la parution, début décembre 1851, est masquée par le Coup d’Etat.
Avec un cousin, ils fondent immédiatement un hebdomadaire et un quotidien consacrés au théâtre et aux lettres, basés 1 rue Laffite.
C’est rue Saint-Georges que naît toute la production commune aux deux frères. Le quartier leur propose tous les jours de nouveaux modèles pour leur romans. Dans leur immeuble habite Adolphe Sax, l’inventeur du saxophone. Au 60 vit Gavarni, qui peint les lorettes des alentours et contribue sans doute au goût des deux frères pour le dessin et l’aquarelle.
Les années 1860 voient leurs romans couronnés d’un certain succès, tel Germinie Lacerteux en 1865, le récit "naturaliste" d’une domestique qui finit alcoolique et poitrinaire sur un lit d’hôpital [1], et encore plus Renée Mauperin (1864), davantage appréciée du public car plus pure et plus héroïque.
Zola, employé de la librairie Hachette entre 1862 et 66, dévore les oeuvres des Goncourt.
- En 1868, à la recherche d’un peu de calme et de verdure, ils s’exilent à quelques kilomètres de là, dans ce qui était la campagne et a maintenant intégré Paris : Auteuil. Une première maison, près du Parc des Princes, leur "passe sous le nez". Ils échouent finalement 53 (aujourd’hui 67) avenue de Montmorency. Jules n’en profitera pas beaucoup car il décède de syphilis en 1870.
Cette maison qui ne possède pas l’eau courante, qu’Edmond pare d’objets de brocante et décrit sur six cents pages dans La maison d’un artiste, donne une nouvelle noblesse à la pièce du second étage où il reçoit le dimanche après-midi Zola, Daudet, Maupassant, Huysmans, Gautier,… : le grenier.
Après un bain trop froid, Edmont meurt, en juillet 1896, dans les bras d’Alphonse Daudet à Champrosay.

Autres demeures de l’auteur
En 1865, les frères Goncourt séjournent en juin et octobre à Barbizon (lieu de dépaysement apprécié des artistes et écrivains car… dépaysant et peu coûteux). A l’auberge Ganne, dans la rue principale, ils trouvent les modèles et le décor de Manette Salomon, l’histoire des ravages causés par une femme dans une colonie d’artistes.

Pour visiter le lieu
Des lieux habités ou fréquentés par les Goncourt, seule est ouverte au public l’auberge Ganne à Barbizon.

Petite bibliographie
La maison d’un artiste. Edmond de Goncourt.
La Nouvelle Athènes. Promenade littéraire entre la Trinité et la place Saint-Georges. Le promeneur des Lettres (tél. 01 40 50 30 95).
Les Goncourt à Barbizon. L’auberge de "Manette Salomon". Article de Raymond Lécuyer dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome I, Editions de l’Illustration. Raymond Lécuyer et Paul-Emile Cadilhac.
Cahiers Edmond et Jules Goncourt, édités chaque année par la Société des Amis des frères Goncourt.

[1] Ce roman était l’un des favoris de Van Gogh, qui l’a reproduit en 1887 dans son tableau "Nature morte avec statuette en plâtre et livres".



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