Bonne année 2006 avec Jules Verne et le capitaine Nemo !

Le lundi 2 janvier 2006.

À l’occasion du dévoilement de la sculpture de Jules Verne en Capitaine Nemo, le 15 décembre 2005 dans le restaurant du Nouveau Monde, au rez-de-chaussée de l’immeuble de naissance de l’écrivain, 4 Cours Olivier de Clisson à Nantes, l’artiste Gérard Leroy a composé ce texte en hommage aux deux hommes.

C’est avec Jules Verne (homme de 2005, mais aussi de 2006 et des années à venir) et son héros que www.terresdecrivains.com souhaite une bonne année à tous les lecteurs, marcheurs et écrivains !

Et voici donc Jules Verne :
à sa table, ses doigts enserrent la plume et l’encrier,
de l’un à l’autre parcourant le chemin de l’inspiration en un éclair.
Sa cervelle s’allume, le papier s’embue
des sentiments de l’écrivain méditant son double étrange.
L’encre et la mer se diluent sur la feuille qui tourne, virevolte.
Les doigts rament de plus en plus vite ;
le regard, fiévreux, transperce la page.
Il fait miroiter les eaux, l’écume du rêve qui transporte l’écrivain
l’emporte au-delà du bureau, au ciel de ses puissances,
au trait du génie qui l’abîme…
Jules Verne plonge, il glisse en l’antre d’un nouveau songe,
s’en va rejoindre la perle au fond de l’océan salvateur :
là se dispersent les mesquineries de son temps,
les violences assassines de l’âme.
Là se dilue la peur de l’avenir, se rencontrent les amis du paradoxe,
de la vérité à double visage, sans duplicité aucune.
Là surgit le fantôme, et le chaos prend figure…
Le Capitaine Nemo tient la barre,
ses yeux scrutent l’horizon,
de l’une à l’autre sa main dessine de vastes cercles concentriques.
Son cœur s’enflamme, le vaisseau à fière allure file droit devant,
ses feux faisant face au soleil couchant.
L’animal mécanique ralentit sa manœuvre ;
le geste sûr dirige la descente.
Il éteint le jour avec lui, rejoignant les abîmes,
transportant les espoirs en de grands parchemins rivés dans les coffres,
les trésors d’idéal que les humains convoitent sans mérites.
Nemo plonge, il souffle à l’orée d’un nouveau rêve,
il imagine l’écrivain qui relancerait l’avenir au-delà de la haine,
la ferait rebondir jusqu’aux nuages, par-delà l’horizon électrique
de la vanité des sociétés d’exploitation, pour le service des hommes.
En ces nuages ont fondu les ferments, les ténèbres ont allumé un grand feu.
Là les esprits nobles se réchauffent,
se désaltèrent aux mêmes sources et rassasient les peuples…
A la fontaine de jouvence boivent ensemble les deux maturités :
l’écrivain, l’être de ses songes.
Le créateur et la créature se méditant l’un l’autre,
de l’essence à l’existence mêlant leur sang, leur esprit, leurs volontés.
Fermant les yeux, ils allument un regard convergent :
vers une statue qui les contient tous les deux,
les rassemble harmonieusement pour féconder le meilleur, et la délivrance.
Leurs traits dynamiques se sont noués, ont épousé leurs rythmes.
Le précieux enrobera ce visage majestueux,
l’airain coulera des larmes d’un monde trop souvent dévasté.
Le métal en fusion refroidi par les fonds sous-marins
durcira la forme au moment opportun, chargé d’une lourde mémoire,
d’un caractère solide, mais fluide et souriant à qui sait le saisir en son âme.
Nouvelle approche, nouveau mariage du cœur et de la raison.
Le sculpteur, témoin de leurs ébats, a imprimé dans la cire son sceau,
puis, invoquant les puissances et la muse, a figé l’acte dans le bronze,
confondu les barbes avec les vagues, clarifié le trouble liquide,
le tumulte d’un océan devenant de plus en plus pacifique.
Jules Verne en Capitaine Nemo et le statuaire
scellent le pacte du destin d’un nouveau monde…

Gérard Leroy, http://sculpteurphotographe.monsite.wanadoo.fr.



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