Max JACOB

Quimper, Paris, Saint-Benoît
Le mardi 19 août 2003.
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À gauche, le 17 rue Gabrielle à Montmartre.

"Il avait le vice du dévouement et ses amis lui doivent bien souvent la grâce qu’ils croient avoir."
Francis Carco

Généreux, brillant, charmant, amuseur public… Tel est le visage public du poète et du peintre Max Jacob, dont les nombreuses œuvres sont bien oubliées aujourd’hui. Il n’est pas très fort pour se venir en aide à lui-même, mais vole au secours de ses amis démunis. Difficile de l’éviter à Montmartre dans les années 1900. Le premier à bénéficier de son dévouement est Picasso, qui le fascine par sa personnalité (de plus, Jacob préfère les hommes aux femmes) et son art.

La face cachée du poète, c’est sa jalousie et sa susceptibilité excessives, qui font de lui un écorché vif, par exemple lorsque Picasso et Apollinaire commencent à être connus et s’éloignent de lui, ou encore lorsqu’il accusera des surréalistes d’avoir copié ses poèmes.

Max Alexandre naît à Quimper en 1876 rue du Parc. Il adopte en 1888 le nom de sa mère, Jacob. Ses parents sont juifs, tailleurs et antiquaires. À l’école, il est "le juif".

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La maison des Jacob, 8 rue du Parc à Quimper, devenue un restaurant, "Chez Max". Les Jacob habitaient au premier jusqu’en 1942 et tenaient au rez-de-chaussée un commerce de confection.

Il vient à Paris en 1895 suivre les cours de l’Ecole coloniale, et la quitte deux ans plus tard. Il devient critique d’art pour Le Moniteur des arts en 1898. En 1902, on le retrouve boulevard Voltaire avec Picasso, qu’il a rencontré un an plus tôt lors d’une exposition à la galerie Vollard, 6 rue Laffitte. Picasso peint la nuit et dort le jour, pendant que Max court les rues en quête de petits boulots (aide menuisier, manutentionnaire à l’Entrepôt Voltaire, précepteur..) ou pour tenter de placer les œuvres de l’artiste chez un marchand de tableaux. Il faut bien : il n’y a qu’un seul lit dans l’appartement ! Entre 1907 et 1911, Max habite un réduit sombre 7 rue Ravignan, au fond de la cour, où il reçoit chaque lundi une clientèle qui vient écouter la bonne aventure ou simplement lui acheter des paroles réconfortantes ou spirituelles. Car c’est là qu’en 1909 il est saisi par une apparition divine. Vision due à l’éther, dont le poète abuse ? Quoi qu’il en soit, Jésus et la vierge Marie lui apparaîtront encore, et Max est baptisé en 1915. Son parrain est Picasso. Il séjourne au Bateau-Lavoir en 1911, dans l’atelier occupé auparavant par Mac Orlan (peintre à ses heures, lui aussi). Il vit ensuite 17 rue Gabrielle, dans des conditions toujours très précaires.
Réformé, il ne participe pas à la guerre. De la rue Gabrielle, il collecte et rediffuse des nouvelles des artistes et écrivains partis au front.
Désirant s’éloigner d’une vie parisienne à ses yeux bien déréglée, il se retire une première fois dans l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, entre 1921 et 1927. De retour à Paris en 1927 pour retrouver l’agitation de la capitale et s’occuper à faire éditer ses poèmes et vendres ses toiles, il se fixe en 1928 à l’hôtel Nollet, 55 rue Nollet.
En 1936, il s’établit définitivement à Saint-Benoît, 63 rue Orléanaise.
Parmi les différents lieux qu’il fréquente, Max est un fidèle des mardis de Paul Fort à La Closerie des lilas, 71 bd du Montparnasse, à partir de 1905 ; on le voit également 27 rue Fleurus, chez Gertrude Stein, ou encore au Bœuf sur le toit, 28 rue Boissy d’Anglas.

En 1944, la gestapo, pour qui Jacob est toujours juif, le trouve à Saint-Benoît. Déporté, il meurt d’une broncho-pneumonie dans le camp de Drancy.

Petite bibliographie
Les écrivains de Montmartre, Le Promeneur des lettres, 6 rue Raffet, 75016 Paris (tél. 01 40 50 30 95), et www.lireetpartir.com.



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