Rue Vivienne, dans les dépendances du couvent des Filles-Saint-Thomas

Une association littéraire dans les salons de Madame Doublet

Sur l’emplacement d’une partie du couvent se trouve aujourd’hui le bâtiment qui abrite l’A.F.P !
Le mercredi 4 janvier 2006.
A l’emplacement aujourd’hui des bâtiments de l’AFP, ce cénacle sera l’inventeur du journalisme de faits-divers, alimentant les ambassades et les milieux artistiques et mondains d’informations inédites.

Les Nouvelles à la Main.

Par Bernard Vassor

Ce centre réunissait des littérateurs, des savants, des journalistes, des académiciens, et échappait ainsi à la censure royale.

Marie-Anne Legendre Doublet de Persan qui occupait un appartement loué par les dames de Saint-Thomas, tenait ce privilège de son frère l’abbé-Legendre. Elle était la veuve d’un intendant de commerce.

L’endroit était connu sous le nom de «  La Paroisse ». Dans cette assemblée, les femmes étaient nombreuses : Madame d’Argenson, Madame du Boccage, Madame Rondet de Villeneuve, Madame de Besanval et quelques autres.

Certains participants pourtant étaient parfois poursuivis. Un certain Blanchard fut condamné à être battu et fustigé au milieu du Pont-neuf, ayant pendu au cou deux écriteaux, un devant et un derrière, portant la mention « Gazetier à la main ». L’abbé Prévost, accusé malgré ses protestations, fut exilé à Marseille.

Bachaumont lui-même fit plusieurs séjours à la Bastille. Madame Doublet fut menacée d’enfermement dans un couvent.

« La Paroisse » se tint tranquille quelques temps. Madame Doublet resta quarante ans sans sortir (Grimm). Pendant quarante ans, « C’est de ce coin que partirent tous les bruits dont les affairés et les friands de bruits s’étaient toujours approvisionnés à grand peine. »

L’ami de toujours de madame Doublet, co-fondateur de cette confrérie, était le principal « rédacteur » de ces nouvelles.

Louis-Petit de Bachaumont (1690-1771) prit sous son aile, avec la complicité de madame Doublet, un jeune homme, Mathieu François Pidansat de Mairobert (1727-1779), dont certains prétendaient qu’il était le fils naturel de madame Doublet et de Bachaumont.

A la mort de celui-ci, Mairobert prendra le relais pour la rédaction des « Nouvelles à la Main ». _Il réunira les articles de Bachaumont en une publication intitulée : « Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis 1762, par feu Monsieur Bachaumont » qui obtiendra un succès phénoménal.

Mairobert fut censeur royal, secrétaire honorifique du roi et des commandements du duc de Chartres, plus tard Philippe-Egalité.
Impliqué dans le scandale de « l’affaire du marquis de Brunoy », dont les débauches homosexuelles scandalisaient le tout Paris, il s’est suicidé le 30 mars 1779.

C’est Mouffle d’Angerville qui complètera les « Mémoires secrets » qui comptent 36 volumes et qui aura l’honneur de bénéficier d’un petit tour à la Bastille.

Les têtes de turc «  des Nouvelles », étaient La Harpe et Beaumarchais.

Quelques ouvrages consultés :
Jules et Edmond de Goncourt, Portraits intimes au XVIII° siècle, Dentu 1856 et 1857
Archives de la Bastille
Mémoires Secrets Bachaumont
Edouard Fournier, Paris secret
Pascal Pia, préface à l’édition du Cercle du Livre Précieux
Jean-Pierre Duteil, bibliographe, libraire, éditeur.
Collardot, Les cours et les salons au XVIII° siècle
Feuillet de Conches, Les salons où l’on cause, Paris Charavay 1887
Correspondance des Grimm

Beaumarchais aura la chance d’être enfermé à Saint Lazare après la mort des auteurs des Mémoires et d’éviter la publicité de la fessée publique qui lui fut administrée comme punition.


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