Le Théâtre Bobino

6 rue de Fleurus
Le samedi 14 janvier 2006.

Vu par Charles Monselet dans Le Petit Paris.

Où l’on pouvait voire et entendre des pièces immortelles comme : V’lan ça y est, Tire-toi d’là, Paris qui danse !

C’était un théâtre d’étudiants qui était tenu par un nommé Bobineau, directeur, souffleur, acteur et aboyeur à la porte. Le prix des places variait de 8 à 16 sous. Le théâtre présent sous la restauration ferma ses portes à la fin du second empire. Harles Monselet en donne une superbe description.

"Le spectacle des petites fortunes" [1]

Par Bernard Vassor

EXTRAITS :

Ceux de ma génération se souviennent encore de ce petit édifice situé à deux pas d’une des portes du jardin du Luxembourg, dans la rue de Fleurus, où se balancent quelques arbres oubliés ou tolérés, gaieté des pavés. C’était en face de ces arbres le Théâtre de Bobino. La façade, qui affectait un petit air de temple, était décorée de bas-reliefs mythologiques, et de deux bustes qui devaient bien être Racine et Lafontaine. Au devant de cette façade, un modeste parterre où fleurissait quelques lilas. Et tout cela gentil, calme et amusant. Le café à côté.(…)

Ce n’était pas que Bobino fût un théâtre merveilleux. De mon temps, il était éclairé avec des quinquets. Je n’ai jamais pu définir ce qu’on y jouait : c’était peut-être des vaudevilles, c’était peut- être des drames, tout ce que je sais, c’est que plusieurs de nous-des sournois de cabinets de lecture- s’aventuraient à porter des pièces à Bobino. Théodore Barrière a commencé de la sorte. Le directeur avait une robe de chambre.

(…)Une fois placé, on s’interpellait d’une loge à l’autre ; on enjambait les banquettes. La marchande (Henriette) allait et criait : »Orgat, limonade, sucre d’orge ! ». Ecoutions nous les pièces de Bobino ? Je ne m’en souviens plus guère ; nous nous contentions de répéter en cœur les refrains des couplets.

(…) Les actrices avaient leurs partisans : elles étaient parfois jolies, avec le talent du diable.

Après le spectacle, on soupait souvent les commencements du mois chez Dagneau ou chez Pinson, les autres jours à partir du dix, dans nos chambres, tout modestement. Un pâté pris chez le charcutier, quelques bouteilles sous le bras, on montait l’escalier en chantant.(…)

Mes souvenirs de Bobino m’entraînent malgré moi. Je cède à la ronde des regrets, aussi fascinante que la ronde de Willis. Que veux-tu ! on s’attache à des choses, à des murs, à des herbes….

Nicholas Brasier (1783-1838) : Chroniques des Petits Théatres, Rouveyre et Blond 1883. Bobino est cité page 433.

[1] Paul Delvau, je crois ? (on ne prête qu’aux riches).



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