Au village de Pincourt

La maison de santé de la rue de la Folie-Méricourt

Nicolas de Blégny (1642-1722), conseiller et médecin ordinaire du roi.
Le lundi 16 janvier 2006.
Chirurgien de la reine en 1678, du duc d’Orléans en 1683 et du roi en 1687, apothicaire-épicier établi 2 rue Guénégaud, il s’était enrichi très tôt grâce à des recettes volées à des confrères et à son sens aigu de la publicité.

Le génial charlatan

Par Bernard Vassor

20 rue de la Folie-Méricourt [1].

Dans ses ouvrages, il ne manquait jamais de faire son autopromotion, le type balzacien avant l’heure du « faiseur » que bien des « communicants » d’aujourd’hui ne manquent pas de parodier.
Auteur de nombreuses « découvertes », il dévoilait au public les secrets concernant la beauté et la santé. Il exploitait toutes les infirmités en prétendant guérir : "les descentes, les maux vénériens, et généralement les maladies extraordinaires".

Son cabinet en ville sur le quai Guénégaud, était établi tout près du théâtre de Molière !!!

Mlle de Blégny sa mère, directrice honoraire et perpétuelle de la communauté des sages-femmes de Paris dirigeait l’officine parisienne, qui présentait cette annonce extraordinaire :
«  Une personne solvable qui en connaît la vertu s’oblige, quand on le veut, d’en payer la valeur en l’acquit des malades en cas qu’ils ne guérissent pas, pourvu qu’ils conviennent d’en payer le double en cas de parfaite guérison ».

(Satisfait ou pas remboursé !)

La rue Folie-Méricourt date du XVII° siècle, elle doit son nom à une maison de campagne analogue à la Folie Regnault. Avant 1862, la queue de la rue Popincourt n’était pas encore devenue la tête de la rue Folie-Méricourt, entre celle d’Oberkampf et le boulevard du Prince Eugène.

Sa « petite maison » avec le jardin médicinal de Pincourt dans cette rue lui valu bien des ennuis. Il pratiquait principalement la chirurgie, mais ses compétences s’étendaient à des cours d’anatomie, de bandagisme et de leçons sur les perruques.

Imaginez, loin des miasmes et de l’atmosphère viciée de Paris, en pleine campagne, où l’air est particulièrement pur, une vaste maison avec plusieurs corps de bâtiments, un jardin de plantes médicinales, un labyrinthe et à l’extrémité des marais cultivés à perte de vue. Dans le paysage, on apercevait ça et là quelques fermes isolées, et sur une butte, un moulin à vent venait rompre parfois la monotonie de l’endroit.

Les tarifs variaient entre 20 sols et 6 livres par jour. Un pavillon séparé recevait les femmes qui venaient y faire leur couches.
Une bibliothèque avait été aménagée pour les élèves, les chercheurs et les apothicaires, abondamment fournie en publications du maître des lieux.

Ce Blégny avait même crée une société académique qui publiait des mémoires attaquant les autres médecins. Ses ouvrages furent interdits en 1682.

Ses escroqueries l’on fait dépouiller de ses charges en 1693. Emprisonné huit ans au château d’Angers, il est mort en 1722.

Vers 1880, des bâtiments subsistaient entre l’hospice et la rue Popincourt.

Ses œuvres : Le bon usage du thé, du caffé et du Chocolat pour la préservation et la guérison des maladies, où il explique que : « le caffé calme les fièvres, amaigrit les gens qui sont gras et fait engraisser ceux qui sont maigres.. ».

Sources :
Nicolas de Blégny : Le livre commode des adresses de Paris pour 1692 (précieux almanach pour cette période…),
Archives bibliothèque inter-universitaire de pharmacie : Carton N /Affaires concernant Nicolas de Blégny, médecin du Roy.

[1] D’après Rochegude : A travers le vieux Paris, Champion vers 1900, et d’après certains auteurs, face à la rue Saint-Sébastien actuelle.



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