Jules ROY

Vézelay, le Haut-bout
Le vendredi 29 août 2003.
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Le Clos du couvent, depuis les marches de la basilique à Vézelay.

"Ce n’était peut-être pas des choses à dire, mais moi je dis tout."

"Ce que je cherche, alors ? Le moyen de ne pas avoir honte de moi."

Deux siècles plus tôt, il aurait fini au donjon de Vincennes.

Mais c’est le président de la République lui-même qui finira par rendre visite à l’"ermite de Vézelay". C’est que Jules (Julius pour les amis) Roy dit et écrit ce qu’il vit et ne peut pas taire : le ciel, la guerre, l’Algérie, l’honneur et le déshonneur de l’armée, les femmes. Et que, en matière de politique, son jugement est violent, mais souvent juste et visionnaire.

- Jules naît en 1907, à Ravigo, en Algérie, d’un instituteur et de la femme d’un gendarme, et connaît l’enfance d’un petit seigneur choyé dans une ferme isolée de la Mitidja. De cette naissance illégitime, il fait la source de son caractère autoritaire et insoumis.
- Entre 12 et 20 ans, il étudie au séminaire d’Alger… où il découvre Bernanos, Giraudoux, Bloy, Kessel et Montherlant.
- Puis il rejoint un autre sacerdoce, où les femmes sont un peu plus autorisées : l’armée. "A partir de trente ans, dit-il, j’ai fait la guerre tout le temps". D’abord pour défendre les idées de Maurras, puis celles de Pétain en 1940.
Mais sa rencontre avec Saint-Exupéry en 1942 dans le sud algérien décide de sa vocation de soldat-écrivain, et sa découverte de De Gaulle en 1943 décide de son engagement comme pilote dans la Royal Air Force.
Cette expérience donne naissance à La Vallée heureuse, d’abord publiée en feuilletons dans Le Monde, puis par son ami l’éditeur Edmond Charlot. La "vallée heureuse", c’est la zone industrielle de la Ruhr, vers laquelle les bombardiers de la RAF filent quotidiennement, comme sur une autoroute aux heures de pointe.
Le roman, dans lequel il décrit la peur des aviateurs et traite le colonel de con, lui vaut d’être chassé de l’Etat-major de l’armée. Il est muté, mis aux arrêts… et en ressort juste pour recevoir le prix Renaudot 1946 !
L’armée lui pardonne et le nomme directeur de l’Information au ministère de l’Air. Il demande à partir en Indochine en 1953. Révolté par l’action de l’armée française qu’il qualifie de "nazis de l’Indochine", il quitte définitivement l’armée pour se plonger dans le journalisme et la littérature.
- En 1960, il s’installe à nouveau en Algérie et y dénonce la torture.
- À son retour, il s’installe à Vézelay, pour la beauté de la région et pour la beauté de Marie-Madeleine, à qui la basilique est dédiée (en 1978, il achètera une belle maison située devant la basilique, dans l’ancien clos du couvent des Ursulines dominant les alentours).
Il y écrit le cycle des Chevaux du soleil : six volumes nés entre 1967 et 1975 qui racontent l’histoire algérienne, de la conquête française à l’indépendance. Le coeur algérien de Roy saigne en effet depuis la guerre d’indépendance jusqu’à ses derniers jours.
Il saigne d’abord avec celui de Roblès, Sénac, Amrouche, Clot, et avec celui de Camus, le parrain de ces "écrivains d’Algérie" que Roy a rencontré à Paris en octobre 1945 ("Il m’a appris que les arabes étaient des êtres humains. Si j’existe, c’est à cause de lui").
Il saigne encore en 1995 lorsque Jules Roy, sous bonne escorte, va se recueillir sur la tombe de sa mère, à Sidi-Moussa, au sud d’Alger.
- Jules Roy a également habité une maison au milieu des champs, dans le hameau du Haut-Bout, près de Dourdan.

Le 15 juin 2000, le "barbare" meurt à Vézelay. Il rejoint, au cimetière du village, Maurice Clavel, Max-Pol Fouchet, Georges Bataille et Ysé, l’héroïne du Partage de midi de Claudel.

Pour visiter le lieu
Il n’existe pas de lieu consacré à Jules Roy et ouvert à la visite ? Mais si ! Voir ci-dessous ;-))…

À voir aux alentours
Quelques voisins écrivains :
- Rétif de la Bretonne à Sacy,
- Romain Rolland à Vézelay,
- Lamartine à Mâcon et Milly, Montceau et Saint-Point,
- Jules Renard à Chitry-les-Mines.

Petite bibliographie
Vézelay ou l’amour fou. Jules Roy. Albin Michel, 1990. Littérature vagabonde. Jérôme Garcin. Editions Presse Pocket, N°10533, 1998.



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