Ecrivains à Montpellier

Le vendredi 6 août 2004.
De François Rabelais à Emmanuel Le Roy-Ladurie, les écrivains ont été nombreux à apprécier les vieilles rues de Montpellier, attirés par sa célèbre faculté de médecine, par d’autres motifs studieux, par la douceur du climat ou le hasard de la naissance.

___

Dans un joyeux désordre chronologique, en voici quelques-uns qui ont vécu dans les murs cette étonnante cité où les ruelles du Moyen Age cohabitent avec d’imposants bâtiments de style haussmannien.

JPEG - 38.8 ko
Vue sur la cathédrale.

René Girard étudie à la faculté de Médecine qui, quelques siècles auparavant, a connu un autre élève illustre : François Rabelais.

Ce dernier est alors hébergé dans la maison de son ami Rondelet (alors procureur représentant des étudiants, et immortalisé sous les traits de Rondibilis), à l’angle de la rue de la Loge et la rue des Trésoriers de France. Rabelais revient à Montpellier en 1537 pour passer l‘examen final de médecine. Il loge alors chez le seigneur de Candillargues, où se trouve aujourd’hui, rue Jacques Cœur, l’hôtel de Forton.

JPEG - 64.9 ko
La cascade du Jardin de l’Esplanade.

Emmanuel Le Roy-Ladurie, quant à lui, a été professeur au lycée Joffre.

Paul Valéry poursuit à Montpellier des études commencées à Sète. Il entre à l’automne 1884 au lycée de Montpellier. Sa famille emménage rue de l’Ecole-de-droit, puis 3 rue Urbain-V à partir de début 1886. Il effectue en 1889-1890 son service militaire à la caserne des Minimes, et participe au banquet de mai 1890 à Palavas pour le 6e centenaire de l’université de Montpellier, où se lie avec Pierre Louÿs.

JPEG - 40.9 ko
A droite, l’hôtel d’Hébrard, 3 rue Urbain V.

La famille Valéry s’installe ensuite (à l’automne 1893) 9 rue de la Vieille-Intendance, où a aussi vécu Auguste Comte. Paul monte bientôt vivre à Paris en 1894.

JPEG - 29.3 ko
9 rue de la Vieille-Intendance.

André Gide s’arrête à plusieurs reprises à Montpellier chez son oncle Charles, en particulier à l’occasion de ses voyages en Afrique du Nord.

Les Charles Gide occupaient alors à Montpellier, au bout en cul-de-sac de la rue Salle l’Évêque, le second et dernier étage de l’hôtel particulier des Castelnau. Ceux-ci ne s’étaient réservé que le premier et le rez-de-chaussée beaucoup plus vaste, de plain-pied avec un jardin ou nous avions gracieux accès. Le jardin n’était en lui-même, autant qu’il m’en souvient, qu’un fouillis de chênes-verts et de lauriers, mais sa position était admirable ; en terrasse d’angle au-dessus de l’Esplanade, dont il dominait l’extrémité, ainsi que les faubourgs de la ville, jetant le regard jusqu’au lointain pic Saint-Loup, que mon oncle contemplait également des fenêtres de son cabinet de travail.
Si le grain ne meurt
, I, chapitre IV.

Jean-Jacques Rousseau séjourne à Montpellier entre le 25 octobre 1737 et mi-décembre. Il vient soigner chez le célèbre médecin Fizes le polype au cœur dont il s’imagine souffrir. C’est peut-être davantage le fait qu’un certain Wintzenried l’a remplacé dans le coeur de Mme de Warens qui explique son état de langueur.
En chemin, il admire Pont du Gard, les arènes de Nîmes, et les charmes de Mme de Larnage rencontrée en route. A Montpellier, il est logé chez le docteur Fitzmaurice.

Je partis vers la fin de novembre après six semaines ou deux mois de séjour dans cette ville, où je laissai une douzaine de louis sans aucun profit pour mon instruction, si ce n’est un cours d’anatomie commencé sous M. Fitzmaurice et que je fus obligé d’abandonner par l’horrible puanteur des cadavres qu’on disséquait, et qu’il me fut impossible de supporter.
Les Confessions.

Joseph Conrad séjourne à l’hôtel Riche et Continental, place de la Comédie, du 13 février au 16 avril 1906 et du 18 décembre 1906 au 15 mai 1907.

JPEG - 52.3 ko
L’ex-hôtel Riche, place de la Comédie.

Son premier séjour voit entre autres la conception de la nouvelle Verloc, ancêtre de L’Agent secret et la fin de l’écriture du Miroir de la mer. Il y a avec lui sa femme Jessi, qui tape ses manuscrits, et leur fils Borys, qui a huit ans et va faire naviguer ses petits bateaux dans les cascades du Jardin de l’Esplanade.

JPEG - 52.1 ko
L’hôtel Métropole.
JPEG - 27 ko
La terrasse du Peyrou.

Au second séjour, les Conrad comptent une personne de plus : John, né en août 1906. Conrad écrit alors la longue et assez ennuyeuse nouvelle Le Duel. Il fréquente aussi la bibliothèque de la ville, en particulier pour effectuer des recherches sur Napoléon (sous les ordres duquel son grand père a servi) et pour lire Anatole France, Daudet, Maupassant.

Il aime comparer les rues qui entourent la cathédrale à celles de Sienne et de Bologne.
La terrasse du Peyrou présente pour lui un des plus beaux panoramas du monde après ceux de Grèce et de Palestine.
Il apprécie également les faubourgs de Montpellier, et en particulier les maisons à escalier extérieur du quartier de Celleneuve.

C’est sans doute dans un article du Petit méridional du 6 janvier 1907 racontant un duel entre deux officiers qu’il trouve la matière de son Duel.

JPEG - 35.9 ko
Maison du quartier de Celleneuve.

Léon (qui deviendra plus tard Léo) Malet naît le 7 mars 1909 6 rue du Bassin dans le quartier de Celleneuve. La suite est racontée ici.

JPEG - 23.4 ko
La maison natale de Léo Malet à Celleneuve.

Joseph Delteil fait un séjour à l’hôtel Métropole (3 rue Clos René) en 1937. C’est l’année où il se fixe non loin de Montpellier, dans La Tuilerie de Massane à Grabels.

JPEG - 37.7 ko
La faculté de Médecine et la cathédrale.
JPEG - 21.4 ko
La maison de Rondelet, où séjourne Rabelais.

On peut aussi noter la présence à Montpellier d’un célèbre héros : Sherlock Holmes lui-même, qui déclare dans La Maison Vide : J’ai passé quelques mois à faire des recherches sur les dérivés des goudrons de houille dans un laboratoire de Montpellier.

Petite bibliographie
Le Duel. Rivages Poche n°106.
Rabelais à Montpellier. Article de Raymond Recouly dans L’Illustration, 12 novembre 1921.



Forum de l'article

Depuis l'Ile Grande (Joseph Conrad)