Chester HIMES

à Paris et en Province
Le mardi 19 août 2003.
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À droite, le 21 rue de l’Estrapade à Paris.

"The only thing that kept me from being an alcoholic was my incredible appetite."

Pas de diplôme, la peau noire, plus tout jeune, un casier judiciaire… noir…
Que faire, sinon des petits boulots, et écrire ? Parce qu’il pense mieux réussir dans ces activités en France qu’aux Etats-Unis, Himes s’installe à Paris en 1953.

Et aussi parce que son ami Richard Wright l’y a encouragé et parce que son dernier livre, Lonely Crusade (La croisade de Lee Gordon), est loué en France et décrié en Amérique.
Quelques droits d’auteur qu’il vient de toucher financent son voyage. Il espère qu’à Paris, avant d’être noir américain, il sera d’abord un américain noir.

En 1929, à 19 ans, après un vol à main armé grand-guignolesque, le métis de Cleveland était devenu locataire d’une chambre au pénitencier fédéral de l’Ohio, condamné à une peine de 20 ans (commuée à 7 ans et demi). Il avait retrouvé sa liberté en 1936 et, entre deux, appris à écrire : des nouvelles, jusqu’au succès, en 1945, de S’il braille, lâche-le.

À Paris (où il vit au total sept années entre avril 1953 et les années 70 [1]), Himes trouve peu à peu ses repères dans la communauté littéraire noire américaine dont les points de ralliement sont le café Monaco près de l’Odéon - autour de Richard Wright - et le café de Tournon, qui existe encore en haut de la rue de Tournon et où les Wright, pendant un temps, petit-déjeunent chaque matin avec Himes.

Les premiers temps sont durs. Essayons de le suivre dans les rues de Paris.
Il habite à l’hôtel Delavigne et à l’hôtel Michelet en 1953. En 1954, il est à l’hôtel Jeanne d’Arc, rue de Buci. Il met en gage sa machine à écrire pour pouvoir se nourrir.
En 1956, c’est l’hôtel Royer-Collard et l’hôtel Rachou (le futur célèbre "Beat Hotel"), 9 rue Gît-le-Cœur, qui a du succès car Mme Rachou est assez arrangeante quant au règlement de ses clients.
C’est alors que Marcel Duhamel oriente Himes vers sa Série Noire, pour laquelle ce dernier écrira dix polars dont, en 1958, La reine des pommes qui le consacre définitivement - au moins en France.
Entre deux histoires de coeur et deux séjours chez des copains, il est passage à l’hôtel Welcome en 1959 et se fixe un peu plus, en 1964, au 7ème étage d’un immeuble de la rue Bourbon-le-Château, avec un beau balcon au-dessus de la place Furstenberg. En 1967, il loge 21 rue de l’Estrapade, et rue Abel Ferry en 1968.
Himes est aussi un provinvial : Arcachon, le Palais Rouaze à Cannes en 1964, une ferme aux Venelles, près d’Aix-en-Provence, l’hôtel Ruehl à Monte Carlo en 1970 sont ses autres lieux de vie.

Petite bibliographie
From Harlem to Paris, black american writers in France, 1840-1980, Michel Fabre, Univ. of Illinois Press, 1993.
The continual pilgrimage, american writers in Paris, 1944-1960, Christopher Sawyer-Lauçanno, City Lights Books, 1997.

[1] Il s’établit en Espagne en 1968, jusqu’à sa mort en 1984.



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