Boris VIAN à Ville d’Avray et Paris

Le dimanche 31 août 2003.

Les Fauvettes.

Avec un grand-père bronzier d’art qui fabriqua les grilles d’Edmond Rostand à Cambo-les-Bains, quelle destinée autre que littéraire aurait pu avoir Boris Vian ?

- Il naît 41 rue de Versailles à Ville-d’Avray le 10 mars 1920. Sa mère, amoureuse d’opéra, le prénomme ainsi en souvenir de Boris Godounov.
- 33 rue Pradier, la villa des Fauvettes où la famille emménage bientôt, est pour Boris, ses frères et sa soeur un petit paradis. Il souffre toutefois d’une insuffisance cardiaque qui fait de lui un enfant trop protégé, angoissé par les angoisses de sa mère.
La tante Alice est une chef pâtissière. Elle aime aussi s’enfermer dans la salle de bain pour dévorer des livres. Boris visite régulièrement la bibliothèque de leur voisin de la villa "Le Lys rouge", Jean Rostand, le savant, fils d’Edmond. Boris et François, fils de Jean, sont camarades de jeux.
Une institutrice vient instruire les enfants à domicile. Boris sait lire et écrire à cinq ans. À huit ans, il "connaît" toute la littérature française jusqu’à Maupassant. Il découvrira plus tard Marcel Aymé, Lewis Caroll, Joseph Conrad, Martin du Gard.
- La crise de 1929 détruit les rentes de Monsieur Vian qui doit, pour la première fois de sa vie, chercher du travail. La famille libère la villa pour la louer (à la famille Menuhin jusqu’en 1935) et s’installer dans la maison du gardien, de l’autre côté du jardin. Malgré les mauvais jours, il reste les vacances à Landemer… Les nuits de Ville-d’Avray s’animent bientôt des soirées jazz organisées par les frères Vian, qui rassemblent parfois quatre cents personnes.
- En 1939, Boris part étudier un an à Angoulême à l’école des Arts et Manufacture, dont il ressort ingénieur (à Paris) en 1942. Sa résistance à l’Occupant, c’est, comme beaucoup de ceux qui ont son âge, de l’ignorer, de s’évader ailleurs (il commence à écrire)… de jouer du jazz américain, interdit pendant la guerre. Le 22 novembre 1944, son père est tué par des cambrioleurs. Les Fauvettes sont vendues. Madame Vian, tante Alice et Ninon emménagent à Paris, 30 boulevard Exelmans.
- Son père, Landemer, Les Fauvettes disparues : Boris, l’étudiant d’avant-guerre devient, après-guerre, le roi de Saint-Germain des Prés. Son ascension littéraire suit en parallèle. En 1946, il commence à fréquenter Sartre et l’équipe des Temps modernes, il écrit L’Écume des Jours et J’irai cracher sur vos tombes. Raymond Queneau, iconoclaste comme lui, l’introduit chez Gallimard et dans le cercle des "pataphysiciens".

À partir de 1939 et jusqu’à sa mort le 23 juin 1959, voici ses principales adresses :

- Il est logé 39 bis boulevard d’Alsace-Lorraine à Angoulême en 1939, lors de son année d’études à l’école des Arts et Manufactures.
- Après son mariage avec Michelle en 1941, le couple s’installe en 1942 avec Patrick, leur fils, 98 rue du Faubourg-Poissonnière.
- En avril 1951, Vian abandonne le domicile conjugal et emménage avec Ursula (qu’il épouse en 1954) dans une chambre de bonne, 8 boulevard Clichy.
- En 1953, ayant divorcé mais sans obtenir la garde de ses enfants, ayant peu économisé ces dernières années, contraint depuis des mois à des travaux de traduction pas toujours enthousiasmants, il loue un appartement 6 bis cité Véron, derrière le Moulin-Rouge. Il partage sa terrasse avec Jacques Prévert, aménagera un second appartement voisin et construira un second étage intérieur. Là, le 11 juin 1959, a lieu une fête grandiose en l’honneur du nouveau chef du Collège de Pataphysique.
- Quelques hauts lieux du jazz que Boris contribua à créer :
le Club du Tabou, 33 rue Dauphine,
le Club Saint-Germain-des-Prés, rue Saint-Benoit (la rue de Marguerite Duras). A partir de 1948, Boris y reçoit Charlie Parker, Duke Ellington, Miles Davis, etc.
un Club Saint-Germain bis est créée à Saint-Tropez en 1949, à La Ponche. Il loue une petite maison à Saint-Tropez, 3 rue d’Aumale.

Pour visiter le lieu
L’appartement de la cité Véron appartient à la Fondation Boris Vian-Ursula Vian Kubler et se visite sur demande (par écrit uniquement : 6 bis cité Véron, 75018 Paris).

À voir aux alentours
Présences littéraires aux alentours de Ville d’Avray :
- Tourgueniev à Bougival,
- Anaïs Nin à Louveciennes,
- Balzac aux Jardies à Sèvres,
- Dumas à Port-Marly,
- Zola et Maeterlinck à Médan,
- Théophile Gautier et Jacques Prévert à Neuilly,
- Maupassant à Chatou,
- Mirbeau à Carrières-sous-Poissy,
- Alain au Vésinet.

Petite bibliographie
Boris Vian. Philippe Boggio. Flammarion, 1993. 415 pages, 145 F.
Boris Vian, vérité et légendes. Frédéric Richaud. Editions du Chêne.
Dossiers des n° 182 (mars 1982) et 270 (octobre 1989) du Magazine littéraire (octobre 1989).
Les vies parallèles de Boris Vian. Noël Arnaud. Livre de poche n°14521. 510 pages, 55 F.



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