Avec Verlaine, Rimbaud, les Parnassiens et les symbolistes à Paris

De la rue Saint-Jacques au Palais Bourbon
Le lundi 19 décembre 2005.
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A droite, le 14 rue Royer-Collard.

1) Nous retrouvons Verlaine début 1893 chez Eugénie Krantz, 9 rue des Fossés-Saint-Jacques (l’immeuble a été reconstruit depuis).

2) Le voici 187 rue Saint-Jacques en 1893 ou 1894.

3) Et au Grand hôtel des Nations, 216 rue Saint-Jacques, à l’automne 1888.

4) Paul Valéry emménage à Paris début 1894 dans une petite chambre au 12 rue Gay-Lussac.

5) Verlaine habite 14 rue Royer-Collard au printemps 1888. Il rassemble ses amis (jusqu’à quarante !) le mercredi dans sa petite chambre. Un dessin de Verlaine publié dans La Plume en février 1896 donne une idée de ses invités : Rachilde, Jean Moréas, Villiers de L’Isle-Adam, Cazals, Tailhade, etc.
Signalons que Sigmund Freud demeure 10 rue le Goff en 1885-1886 (plaque).

6) Au 63 boulevard Saint-Michel se tient à la fin du siècle la Taverne du Panthéon, qui accueille les dîners du Mercure de France, avec Pierre Louÿs, Jean de Tinan, Henry Bataille, etc.

7) Arthur Rimbaud loge à l’hôtel de Cluny, 8 rue Victor Cousin, en juin 1872. L’hôtel existe encore, et sa minuscule chambre aussi ! On peut la retenir, en réservant longtemps à l’avance.

8) Le Café d’Harcourt, à l’angle de la place de la Sorbonne et de la rue Champollion, accueille le 18 mai 1896 un dîner pour fêter le premier numéro de la revue Centaure, qui publie dans son second volume Une Soirée avec Monsieur Teste. Sont présents : Paul Valéry, Colette et Willy, Marcel Schwob, Debussy, Vallette et Rachilde, Lord Alfred Douglas (ami d’Oscar Wilde), Léon-Paul Fargue…

9) Le Café Vachette, fréquenté par Mendès, Huysmans, Mallarmé, etc., se trouvait au coin de la rue des Ecoles et du boulevard Saint-Michel (n°27). Un autre café Vachette se trouvait à l’angle de la rue du faubourg Montmartre et du boulevard Poissonnière.

10) Le cercle des poètes Zutiques est créé en octobre 1871 par Charles Cros (et dissous en décembre). Il se réunit dès lors à L’Hôtel des Etrangers, à l’angle de la rue Racine, du boulevard Saint-Michel et de la rue de l’École de Médecine (aujourd’hui hôtel Belloy Saint-Germain). S’y retrouvent entre autres Verlaine, Rimbaud, Richepin, Nouveau, Blémont, Cabaner, Carjat. En échange d’un emploi de garçon de salle, Rimbaud occupe ici une chambre en octobre-novembre 1871. Ernest Cabaner, le pianiste-barman, lui apprend à pianoter selon la méthode du chromatisme musical : chaque note est associée à une couleur et au son d’une voyelle. Cela inspirera le jeune poète pour ses propres Voyelles. Mais Arthur se distingue déjà par son caractère maussade et ombrageux…

11) Le café du Sherry Cobbler, 40-42 boulevard Saint-Michel, est fréquenté par Mallarmé, Alphonse Allais, Villiers-de-L’Isle-Adam… Une partie des habitués fonde en 1878 le groupe des Hydropathes, avec Emile Goudeau, Catulle Mendès, Paul Arène, Paul Bourget, Jean Richepin, etc.
Signalons trois autres adresses proches (mais sans forcément nous y rendre) : le 80 boulevard Saint-Germain, adresse de Germain Nouveau en 1882 ; l’angle de la place Saint-Michel avec le quai Saint-Michel : ici se tenait le café du Soleil d’or, qui a vu passer Pierre Louÿs, Maurice Barrès, Apollinaire, etc. ; le 19 quai Saint-Michel, siège de la librairie Léon Vanier, éditeur de Verlaine (Poètes maudits et Romances sans paroles).

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21 rue Monsieur-le-Prince.

12) L’hôtel de Lisbonne, 4 rue de Vaugirard, est aujourd’hui hôtel Luxembourg. Une plaque à l’entrée signale que Verlaine a séjourné ici - par intermittence, entre deux séjours à l’hôpital - entre mars 1889 et décembre 1894.

13) Le restaurant Polidor, qui existe toujours 41 rue Monsieur-le-Prince, était une table appréciée par Verlaine.

14) Le 21 rue Monsieur-le-Prince est une autre adresse de Verlaine vers 1894.

15) La Revue indépendante, dont le rédacteur en chef est Félix Fénéon, est basée 7 rue de Médicis. Elle publie au milieu des années 1880 des textes d’Edmond de Goncourt, Huysmans, Verlaine, etc.

16) Le Café Voltaire, 1 place de l’Odéon, a traversé de nombreuses époques mais pas la nôtre. Verlaine, à son retour dans la capitale en 1882, y retrouve ses vieux amis parnassiens : Mendès, Valade, Mérat et jeune Courteline.

17) Le théâtre de l’Odéon présente le 14 janvier 1869 Le Passant, une pièce de Coppée dans laquelle figure une débutante, Sarah Bernhardt. Verlaine et les Parnassiens y manifestent bruyamment leur enthousiasme. Un journaliste proteste, dans un article, contre ce comportement de « vilains bonshommes ». L’expression est lancée.

18) Vers 1865, les Parnassiens se retrouvent le jeudi chez Théodore de Banville, 26 rue de Condé.

19) En avril 1894, le poète Léon Tailhade est blessé par un attentat anarchiste alors qu’il dîne au restaurant Foyot, 31 rue de Tournon. Ce n’est qu’un épisode, à peine plus mouvementé que de nombreux autres, de la vie de cet ami de Mallarmé, Zola, France, Mirbeau, etc., poète et journaliste virulent aux dizaines de duels, futur dreyfusard.

20) Heredia habite 21 rue de Tournon en 1858.

21) Une plaque 5 rue de Tournon signale qu’ici a vécu Charles Cros.

22) Rimbaud loge dans l’atelier de Charles Cros, 13 rue Séguier, vers octobre 1871. Il s’y fait apparemment remarquer en déchirant les poèmes de son hôte.

23) Théodore de Banville l’héberge ensuite dans une chambre du 10 rue de Buci, au-dessus de son appartement. Arthur est sommé de faire ses valises après s’être montré nu à la fenêtre et avoir jeté ses vêtements sur les toits. La dernière demeure de Banville n’est pas loin : 10 rue de l’Éperon.

24) Fantin-Latour a son atelier 8 rue des Beaux-Arts. Fin 1871, il peint ici le célèbre Coin de table, scène évoquant les dîners des Vilains bonshommes, avec Verlaine et Rimbaud.

25) Le poète et dessinateur Germain Nouveau demeure 24 rue Bonaparte vers 1877. Arrivé à Paris en 1872, il intègre le groupe des « Vivants » créé par Jean Richepin. Le voici à Londres, en Belgique et en Hollande avec Rimbaud au printemps 1874. Il fait connaissance avec Verlaine en 1875. il est employé de 1878 à 1883 au ministère de l’Instruction publique, puis professeur de dessin, avant de finir sa vie en mendiant mystique.

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36 rue du Dragon.

26) Il loge 36 rue du Dragon début 1876. C’est aujourd’hui l’hôtel du Dragon, dont Jean Giono est l’hôte dans les années 1930 (plaque).

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8 place du Palais Bourbon.

27) Le bel immeuble du 76 rue des Saints-Pères est le siège de l’éditeur de Sagesse en 1881. En haut de la façade, on voit encore apparaître les mots Société générale de librairie catholique (qui regroupe la maison Palmé - domiciliée 28 rue de Grenelle jusqu’à la fin des années 1870 - et la maison Goemaere de Bruxelles), ainsi que, plus bas, la devise de Palmé : Sustinui palmas Domini. Outre Verlaine, Palmé édite également Barbey d’Aurevilly, Veuillot, Féval (après sa conversion), etc.

28) Le 15 rue de l’Université est le siège de La Revue des deux mondes, dirigée entre 1916 et 1937 par René Doumic, second mari d’Hélène de Heredia après Maurice Maindron. Ils habitent tout près, 10 bis rue du Pré-aux-Clercs.

29) La famille Daudet s’installe en 1885 aux 3e et 4e étages de l’hôtel au fond de la cour du 31 rue de Bellechasse. C’est un lieu fréquenté par nombre de poètes et d’écrivains de l’époque.

30) Le but de notre balade est le 8 place du Palais Bourbon, siège de La Libre revue, dont le secrétaire de rédaction est Félix Fénéon. La Libre revue publie des poèmes de Verlaine en 1884 et 1885, et les Illuminations de Rimbaud en 1886. Fénéon sera également, entre 1895 et 1903, secrétaire de rédaction de la Revue blanche, que nous retrouverons au moment de l’affaire Dreyfus.



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