Alfred JARRY

Corbeil, Paris
Le mardi 19 août 2003.
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7 rue Cassette à Paris

Au printemps 1898, Jarry et cinq de ses amis -Quillard, Hérold, Collière et les époux Valette (lui est directeur du Mercure de France)- élisent domicile au 19 du quai de l’Apport-Paris à Corbeil. La petite communauté se baptise à l’unanimité Le Phalanstère. La maison existe encore, telle qu’en 1898. Derrière une solide grille : un rez-de-chaussée, un étage et un comble. Le choix de cette région n’est pas dû au hasard : Daudet réside à Champrosay, les Goncourt à Barbizon, Mallarmé à Valvins. Tous se réunissent de temps à autre. Alfred Jarry conserve à Corbeil ses petits travers. Il joue de la gachette en direction de "ces sales bêtes de rossignols" (mais vise juste), prend un malin plaisir à faire des blagues -d’un goût souvent douteux-, a une passion pour l’absinthe, malheureusement encouragée par ses amis qui ne crachent sur un bon verre de vin, ce qui lui vaut de nombreux et fantasques dérapages verbaux. Même à jeun, il s’identifie de plus en plus au "père Ubu", qu’il a créé en s’inspirant de son ancien professeur de physique de Rennes… Les bords de Seine sont le cadre de longues et joyeuses parties de pêche (Jarry possède aussi un petit bateau) et la campagne environnante, d’assidues promenades sur sa bicyclette, achetée mais jamais payée… Ses dettes le poursuivront tout au long de sa vie.

Il ne reste cependant pas sans écrire. La nuit venue, il se faufile dans sa chambre par une trappe et travaille aux Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, ainsi qu’à un Almanach du père Ubu. Le séjour à Corbeil est malheureusement abrégé fin 1898 par la propriétaire, qui craque devant l’insupportable énergumène.

Mais deux ans plus tard, il revient s’installer dans un appenti adossé à une vieille remise, qu’il surnomme sa chaumière ou son studio du barrage, près d’un ancien petit cabaret pour mariniers, Au rendez-vous du barrage (le barrage du Coudray). Les crues d’hiver l’obligent à s’abriter au sommet de sa table à tout faire pour ne pas finir en glaçon. Il est envahi par les bouts de verre, les poissons morts… et les rats qui, friands de pneumatique, l’obligent à accrocher son vélo au mur…

Autres demeures de l’auteur
L’écrivain est né à Laval en 1873 et a passé ses jeunes années à Saint-Brieuc.
Il vit aussi plusieurs années à Paris, 7 rue Cassette, au second étage de l’hôtel de Rocher de Bazancourt.

Pour visiter le lieu
La maison du Phalanstère. 19 quai de l’Apport-Paris à Corbeil. Ne se visite pas.

Quelqu’un à contacter ?
La Société des amis d’Alfred Jarry peut être contactée par l’intermédiaire de Paul Edwards, son secrétaire, 8 rue Dareau, 75014 Paris, ou par courrier électronique.

À voir aux alentours

Autour de Corbeil :
- Georges Duhamel à Dourdan et Créteil,
- Jean-Louis Bory à Méréville,
- Jean Cocteau à Milly-la-Forêt,
- Bernardin de Saint-Pierre à Corbeil-Essonnes,
- George Sand à Palaiseau,
- Charles Péguy à Lozère,
- Aragon et Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines,
- Hugo à Bièvres,
- Malraux et Louise de Vilmorin à Verrières-le-Buisson,
- Paul Fort à Montlhéry,
- Kessel à Monthléry et Bourg-la-Reine.

Petite bibliographie
Balade en Essonne sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.
Alfred Jarry ou le Surmâle de lettres. Rachilde (Marguerite Vallette, que Jarry estimait beaucoup malgré son peu d’affection pour les femmes). Editions Grasset, 1928.
L’Etoile absinthe, revue de la Société des Amis d’Alfred Jarry.
Ubu sur la berge, Alfred Jarry à Corbeil. Philippe Régibier.



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